mercredi 22 avril 2009

Jeudi 23 Avril 2009. 6H46

Jean-Jacques Rousseau, ayant quitté Genève, rencontre Madame de Warens à Annecy, puis parvient à Turin à "l'Hospice des Catéchumènes", lieu où l'on menait ceux qu'on s'apprêtait à convertir à la religion catholique. Mais quel regard impitoyable jette Jean-Jacques sur ses condisciples ! " Dans cette salle d'assemblée étaient quatre ou cinq affreux bandits, mes camarades d'instruction, et qui semblaient plutôt des archers du diable que des aspirants à se faire enfants de Dieu."(Les Confessions, édition des Classiques Garnier , 1980, p. 66).
Le regard qu'il jette sur ses condisciples de sexe féminin est encore plus impitoyable :"Par cette porte entrèrent nos soeurs les catéchumènes, qui s'allaient régénérer, non par le baptême, mais par une solennelle abjuration. C'étaient bien les plus grandes salopes et les plus vilaines coureuses qui jamais aient empuanti le bercail du Seigneur." (p. 66, op. cit.)
J'aime cette virulence de Jean-Jacques, qui , par ailleurs, est capable d'un style très compassé. Par ailleurs, il ne faut pas être grand clerc pour voir dans ces lignes une critique de la religion catholique, qui se contentaient de conversions bien superficielles et qui ne pouvaient tromper personne, pour augmenter, de façon bien illusoire, on le voit, le nombre de ses "fidèles".

dimanche 12 avril 2009

Lundi 13 Avril 2009

Comment ne pas reconnaître une parole fraternelle dans toutes ces phrases de Jean-Jacques Rousseau : "J'ai des passions très ardentes, et tandis qu'elles m'agitent, rien n'égale mon impétuosité : je ne connais plus ni ménagement, ni respect, ni crainte, ni bienséance; je suis cynique, effronté, violent, intrépide; il n'y a ni honte qui m'arrête, ni danger qui m'effraye : hors le seul objet qui m'occupe, l'univers n'est plus rien pour moi. Mais tout cela ne dure qu'un moment, et le moment qui suit me jette dans l'anéantissement." ( Les Confessions, p. 38, édition des Classiques Garnier, 1980).
Ou encore : "Si mon sang allumé me demande des femmes, mon coeur ému me demande encore plus de l'amour. Des femmes à prix d'argent perdraient pour moi tous leurs charmes; je doute même s'il serait en moi d'en profiter. Il en est ainsi de tous les plaisirs à ma portée; s'ils ne sont gratuits, je les trouve insipides. J'aime les seuls biens qui ne sont à personne qu'au premier qui sait les goûter." (p. 39, op.cit.)
Ou bien encore : "Au fort d'une certaine habitude d'être, un rien me distrait, me change, m'attache, enfin me passionne; et alors tout est oublié, je ne songe plus qu'au nouvel objet qui m'occupe." (p. 42, op.cit).
Je ne peux, décidément, relire Rousseau sans ressentir la formidable émotion qui s'empara de moi, lorsque je le lus la première fois :"Dans cette étrange situation, mon inquiète imagination prit un parti qui me sauva de moi-même et calma ma naissante sensualité; ce fut de se nourrir des situations qui m'avaient intéressé dans mes lectures, de les rappeler, de les varier, de les combiner, de me les approprier tellement que je devinsse un des personnages que j'imaginais, que je me visse toujours dans les positions les plus agréables selon mon goût, enfin que l'état fictif où je venais à bout de me mettre, me fit oublier mon état réel dont j'étais si mécontent. Cet amour des objets imaginaires et cette facilité à m'en occuper achevèrent de me dégoûter de tout ce qui m'entourait, et déterminèrent ce goût de la solitude qui m'est toujours resté depuis ce temps-là." (p. 43 et 44, op. cit).