vendredi 27 juin 2014

Ven/27/6/14_____18H20


Certaines phrases de Barrès dans ses Cahiers 1896-1923, (Plon, 1993), écrites avant l'assassinat de Jaurès, ont armé le bras de son assassin : « Déjà Jaurès, remarquez-le, a pris ses précautions. Déjà il a quitté à demi la France. Il est citoyen d'Europe. Il en prend les intérêts, les soucis.

--Enfin, me dit quelqu'un, il vit de la langue française.

Mais non pas, il est prêt à vivre de la langue allemande. Il a parlé à Berlin. Dès maintenant sa pensée est allemande plutôt que française. » (op. cit. p.670, écrit en avril 1913)

Au lendemain de l'assassinat de Jaurès, le 31 Juillet 1914, il se rend à son domicile pour présenter ses condoléances. Il formule alors l'admiration qui fut la sienne à l'égard de Jaurès : « Quelle solitude autour de celui dont je sais bien qu'il était, car les défauts n'empêchent rien, un noble homme, ma foi oui, un grand homme : adieu Jaurès, que j'aurais voulu pouvoir librement aimer ! » (p. 736, op. cit.) , tout en réitérant ses critiques : « Il croyait défendre la cause du prolétariat français, mais il s'était enfermé dans la pensée allemande. »(p. 736, op. cit.).

Tout cela montre la gravité qu'il y a à tracer des mots dont les conséquences lointaines peuvent, à chaque instant, nous échapper.







H./Sa/27/6/14/18H20






jeudi 26 juin 2014

Mar/24/6/14 _______16H

« Les poètes, les grands politiques, les capitaines songent qu'ils se sont élevé un grand monument qui rayonnera quand leur corps sera défait, et même ils ne songent jamais à leur corps car leur véritable vie, la seule vie c'est leur œuvre. » (Barrès, Mes Cahiers 1896-1923, p. 700, Plon, 1993). Je n'opposerais pas de façon si absolue « corps » et «oeuvre », car l' « oeuvre » participe de la vibration d'un « corps ».



H./Mar/24/6/14/16H

lundi 23 juin 2014

Di/22/6/14______17H20

« Il y a chez moi la faculté de me porter tout entier sur le point que je regarde : toute ma sensibilité sans cesse accrue par mes longues navigations verse d'un bloc à droite, à gauche, comme une cargaison mal attachée, au risque de chavirer la barque. C'est mon vice et mon génie ; c'est ma souffrance qui me donne à la longue cette horreur de la vie où jamais je ne suis en repos » (Barrès, Mes Cahiers 1896-1923, p. 688, Plon, 1993). Sans ce basculement même de la « sensibilité », d'un bord à l'autre, d'où naît la « souffrance », sans cet élan sans retour, on ne peut appareiller, sans doute, vers la création.





Châtenois/Di/22/6/14/17H20

vendredi 20 juin 2014

Ven/20/6/14___11H

« La grande affaire devant une œuvre d'art, monument, symphonie, poème, c'est de sentir ce qu'elle prouve, d'atteindre derrière le signe à la réalité, d'entrer en communication avec cette réalité, de saisir une âme sous la pierre, sous les mots, sous les sons, de s'en augmenter. » (Barrès, Mes Cahiers 1896-1923, p. 661, Plon, 1993). Certes, mais on ne « s'en augmente » pas seulement, on se déleste, aussi, à travers elle, de ses désespoirs, accédant, ainsi, à une légèreté inaccoutumée : « sic itur ad astra. » (Virgile)




H./Ven/20/6/14/11H

dimanche 15 juin 2014

Mercredi 11 Juin 2014___19H

« Il faut mettre au-dessus de tous […] ceux qui attendent un mouvement de leur coeur » (Barrès, Mes Cahiers 1896-1923, p.413, Plon, 1993). Cependant les mouvements du cœur n'obéissent pas aux règles du monde physique, et les attendre, pour tracer un mot, une ligne, peut être douloureux, interminable, car la plume, souvent, est à flanc d'abîme.




H./Mer/11/6/14/19H