samedi 11 octobre 2014
samedi 12 juillet 2014
Mar/8/7/14______16H
« L'autre jour,
je disais : nous sommes prêts à mourir. Regardez dans notre
ordre. Péguy, mort » ((Barrès, Mes Cahiers
1896-1923, p. 759, Plon, 1993). Il me semble difficile de
pouvoir écrire ces phrases, quand on est bien à l'abri dans son
fauteuil, derrière son encrier. Le sacrifice de millions d'hommes
« prêts à mourir », loin de tout fauteuil, tout
encrier, relativise tout travail d'écrivain.
H./Mar/8/7/14/16H
Jeu/3/7/14_______19H30
Dans les pages que Barrès
consacre à la Grande Guerre, dans ses Cahiers 1896-1923,
(Plon, 1993, p.737, sqq) on sent une vibration, l'écrivain
sait que des milliers d'hommes meurent de mort violente, au moment
même où il écrit : il n'est plus temps de ratiociner.
H./Jeu/3/7/14/19H30
Jeu/3/7/14_________19H05
« Il ne faut pas
me demander de haïr Jaurès. Je ne le peux pas, et après examen, je
ne le dois pas. S'il y a chez lui de mauvais services rendus à mon
pays et qui m'opposent à lui, qui font de moi un soldat contre lui,
ce qu'il y a de plus intime et de plus élevé dans sa nature ne
m'est pas étranger, et parmi ceux avec qui je dois combattre, il en
est qui sont démunis de ce saint des saints, de cette valeur vraie,
de cette sensibilité généreuse que je voyais vibrer au centre de
son être ». (Barrès, Mes Cahiers 1896-1923,
p. 747, Plon, 1993) : cet hommage émouvant arrive trop tard.
Jaurès est mort, assassiné, depuis six mois. C'est aussi la leçon posthume de
l'écriture de Barrès : il faut dire et clamer haut et fort son
amitié en temps utile. Comme le remords d'avoir écrit
certaines phrases violemment hostiles à Jaurès a dû, pendant des
années, hanter Barrès !
H./Jeu/3/7/14/19H05
vendredi 27 juin 2014
Ven/27/6/14_____18H20
Certaines phrases de
Barrès dans ses Cahiers 1896-1923, (Plon, 1993), écrites
avant l'assassinat de Jaurès, ont armé le bras de son assassin :
« Déjà Jaurès, remarquez-le, a pris ses précautions.
Déjà il a quitté à demi la France. Il est citoyen
d'Europe. Il en prend les intérêts, les soucis.
--Enfin, me dit
quelqu'un, il vit de la langue française.
Mais non pas, il est
prêt à vivre de la langue allemande. Il a parlé à Berlin. Dès
maintenant sa pensée est allemande plutôt que française. »
(op. cit. p.670, écrit en avril 1913)
Au lendemain de
l'assassinat de Jaurès, le 31 Juillet 1914, il se rend à son
domicile pour présenter ses condoléances. Il formule alors
l'admiration qui fut la sienne à l'égard de Jaurès : « Quelle
solitude autour de celui dont je sais bien qu'il était, car les
défauts n'empêchent rien, un noble homme, ma foi oui, un grand
homme : adieu Jaurès, que j'aurais voulu pouvoir librement
aimer ! » (p. 736, op. cit.) , tout en réitérant ses
critiques : « Il croyait défendre la cause du
prolétariat français, mais il s'était enfermé dans la pensée
allemande. »(p. 736, op.
cit.).
Tout cela montre la
gravité qu'il y a à tracer des mots dont les conséquences
lointaines peuvent, à chaque instant, nous échapper.
H./Sa/27/6/14/18H20
jeudi 26 juin 2014
Mar/24/6/14 _______16H
« Les poètes,
les grands politiques, les capitaines songent qu'ils se sont élevé
un grand monument qui rayonnera quand leur corps sera défait, et
même ils ne songent jamais à leur corps car leur véritable vie, la
seule vie c'est leur œuvre. » (Barrès, Mes Cahiers
1896-1923, p. 700, Plon, 1993). Je n'opposerais pas de façon
si absolue « corps » et «oeuvre »,
car l' « oeuvre » participe de la vibration d'un
« corps ».
H./Mar/24/6/14/16H
lundi 23 juin 2014
Di/22/6/14______17H20
« Il y a chez
moi la faculté de me porter tout entier sur le point que je
regarde : toute ma sensibilité sans cesse accrue par mes
longues navigations verse d'un bloc à droite, à gauche, comme une
cargaison mal attachée, au risque de chavirer la barque. C'est mon
vice et mon génie ; c'est ma souffrance qui me donne à la longue
cette horreur de la vie où jamais je ne suis en repos »
(Barrès, Mes Cahiers 1896-1923, p. 688, Plon, 1993).
Sans ce basculement même de la « sensibilité »,
d'un bord à l'autre, d'où naît la « souffrance »,
sans cet élan sans retour, on ne peut appareiller, sans doute, vers
la création.
Châtenois/Di/22/6/14/17H20
vendredi 20 juin 2014
Ven/20/6/14___11H
« La grande
affaire devant une œuvre d'art, monument, symphonie, poème, c'est
de sentir ce qu'elle prouve, d'atteindre derrière le signe à la
réalité, d'entrer en communication avec cette réalité, de saisir
une âme sous la pierre, sous les mots, sous les sons, de s'en
augmenter. » (Barrès,
Mes
Cahiers 1896-1923,
p. 661, Plon, 1993). Certes, mais on ne « s'en
augmente » pas seulement, on se déleste, aussi, à travers
elle, de ses désespoirs, accédant, ainsi, à une légèreté
inaccoutumée : « sic itur ad astra. »
(Virgile)
H./Ven/20/6/14/11H
dimanche 15 juin 2014
Mercredi 11 Juin 2014___19H
« Il faut mettre
au-dessus de tous […] ceux qui attendent un mouvement de leur
coeur » (Barrès, Mes Cahiers 1896-1923,
p.413, Plon, 1993). Cependant les mouvements du cœur n'obéissent pas aux
règles du monde physique, et les attendre, pour tracer un mot, une ligne, peut
être douloureux, interminable, car la plume, souvent, est à flanc d'abîme.
H./Mer/11/6/14/19H
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