« Il ne faut pas
me demander de haïr Jaurès. Je ne le peux pas, et après examen, je
ne le dois pas. S'il y a chez lui de mauvais services rendus à mon
pays et qui m'opposent à lui, qui font de moi un soldat contre lui,
ce qu'il y a de plus intime et de plus élevé dans sa nature ne
m'est pas étranger, et parmi ceux avec qui je dois combattre, il en
est qui sont démunis de ce saint des saints, de cette valeur vraie,
de cette sensibilité généreuse que je voyais vibrer au centre de
son être ». (Barrès, Mes Cahiers 1896-1923,
p. 747, Plon, 1993) : cet hommage émouvant arrive trop tard.
Jaurès est mort, assassiné, depuis six mois. C'est aussi la leçon posthume de
l'écriture de Barrès : il faut dire et clamer haut et fort son
amitié en temps utile. Comme le remords d'avoir écrit
certaines phrases violemment hostiles à Jaurès a dû, pendant des
années, hanter Barrès !
H./Jeu/3/7/14/19H05
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