Comment mieux évoquer les métamorphoses successives provoquées en nous par le temps qui passe, que par ces lignes :"Il est à peine un homme qu'on ne puisse opposer à lui-même : d'années en années, de mois en mois, nous avons écrit, dit et fait tout le contraire de ce que nous avons écrit, dit et fait aujourd'hui. A force d'avoir à rougir, nous ne rougissons plus ; nos contradictions échappent à notre mémoire, tant elles sont multipliées. Pour en finir, nous prenons le parti d'affirmer que nous n'avons jamais varié, ou que nous n'avons varié que par la transformation progressive de nos idées et par notre compréhension éclairée des temps. Les événements si rapides nous ont si promptement vieillis, que quand on nous rappelle nos gestes d'une époque passée, il nous semble que l'on nous parle d'un autre homme que nous, peut-être d'un de nos homonymes, peut-être d'un de nos cousins remué de germain que nous n'avons jamais connu. Et puis, avoir varié, c'est avoir fait comme tout le monde." (Mémoires d'Outre-Tombe, , éditions Flammarion Grand Format, Septembre 1982, p. 516)
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Et que dire, au sujet du Roi Louis-Philippe, de cet art extraordinaire de la diatribe : " Philippe n'est pas un vrai Roi, c'est le Prévôt ou le grand sergent de ville de la Royauté à qui l'Europe crache au visage : le délateur patenté s'essuie et remercie, pourvu qu'on le maintienne dans sa place.
Au reste c'est le seul prince que les Français soient à présent capables de supporter. La dégradation du chef élu, fait sa force : nous trouvons dans sa personne ce qui suffit à nos habitudes de couronne, et à notre penchant démocratique; nous obéissons à un pouvoir que nous croyons avoir le droit d'insulter ; c'est tout ce qu'il nous faut de liberté : nation à genoux nous souffletons notre maître, rétablissant le privilège à ses pieds, l'égalité sur sa joue. Narquois et rusé, Louis XI de l'âge philosophique, le monarque de notre choix conduit dextrement sa barque sur une boue liquide dont le déversoir est à l'égout."(p. 517, op. cit.)
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Et que dire de ces lignes prophétiques, écrites en 1837 : "ce n'est pas la république qui est impossible, mais la monarchie" (p.518, op. cit;) , ou encore : "un Président aujourd'hui remplirait parfaitement les fonctions d'un Roi." (p. 518, op.cit.).
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Et puis voilà le sublime : "nous passons trop promptement pour que la punition de Dieu puisse toujours se placer dans le court moment de notre existence ; la punition descend à l'heure venue; elle ne trouve plus le premier coupable; mais elle trouve sa race qui laisse l'espace pour agir." (p. 521, op. cit.)
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A propos de l'inconstance de "l'esprit français" : "Qui saurait deviner et expliquer comment il adore et déteste tour à tour, comment il dérive d'un système politique à un système diamétralement opposé, comment, la liberté à la bouche et le servage au coeur, il croit le matin à une vérité et est persuadé le soir d'une vérité contraire ? " (p. 528 et 529, op.cit.).
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Il faut voir comment "l'homme aux songes " crée des images inoubliables : "L'époque où nous entrons est le chemin de halage par lequel des générations fatalement condamnées tirent l'ancien monde vers un monde inconnu."(p.529, op. cit. ). Et, enfin , comment lui-même se met en scène en spectateur de la tragédie de l'Histoire : "Et moi, spectateur assis dans une salle vide, loges désertées, lumières éteintes, je reste seul de mon temps devant le rideau baissé avec le silence et la nuit." (p. 533, op. cit.)
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Et que dire, au sujet du Roi Louis-Philippe, de cet art extraordinaire de la diatribe : " Philippe n'est pas un vrai Roi, c'est le Prévôt ou le grand sergent de ville de la Royauté à qui l'Europe crache au visage : le délateur patenté s'essuie et remercie, pourvu qu'on le maintienne dans sa place.
Au reste c'est le seul prince que les Français soient à présent capables de supporter. La dégradation du chef élu, fait sa force : nous trouvons dans sa personne ce qui suffit à nos habitudes de couronne, et à notre penchant démocratique; nous obéissons à un pouvoir que nous croyons avoir le droit d'insulter ; c'est tout ce qu'il nous faut de liberté : nation à genoux nous souffletons notre maître, rétablissant le privilège à ses pieds, l'égalité sur sa joue. Narquois et rusé, Louis XI de l'âge philosophique, le monarque de notre choix conduit dextrement sa barque sur une boue liquide dont le déversoir est à l'égout."(p. 517, op. cit.)
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Et que dire de ces lignes prophétiques, écrites en 1837 : "ce n'est pas la république qui est impossible, mais la monarchie" (p.518, op. cit;) , ou encore : "un Président aujourd'hui remplirait parfaitement les fonctions d'un Roi." (p. 518, op.cit.).
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Et puis voilà le sublime : "nous passons trop promptement pour que la punition de Dieu puisse toujours se placer dans le court moment de notre existence ; la punition descend à l'heure venue; elle ne trouve plus le premier coupable; mais elle trouve sa race qui laisse l'espace pour agir." (p. 521, op. cit.)
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A propos de l'inconstance de "l'esprit français" : "Qui saurait deviner et expliquer comment il adore et déteste tour à tour, comment il dérive d'un système politique à un système diamétralement opposé, comment, la liberté à la bouche et le servage au coeur, il croit le matin à une vérité et est persuadé le soir d'une vérité contraire ? " (p. 528 et 529, op.cit.).
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Il faut voir comment "l'homme aux songes " crée des images inoubliables : "L'époque où nous entrons est le chemin de halage par lequel des générations fatalement condamnées tirent l'ancien monde vers un monde inconnu."(p.529, op. cit. ). Et, enfin , comment lui-même se met en scène en spectateur de la tragédie de l'Histoire : "Et moi, spectateur assis dans une salle vide, loges désertées, lumières éteintes, je reste seul de mon temps devant le rideau baissé avec le silence et la nuit." (p. 533, op. cit.)
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