Cela fait quarante-cinq ans que j'écris . Je me souviens : j'avais quinze ans, ma mère m'avait dit "pourquoi tu ne serais pas poète ?". Je pris une feuille et je commençai par placer les rimes, au bout des lignes de ces premiers alexandrins, dont je comptais les syllabes sur les doigts. La lecture des poètes m'apporta beaucoup. Un jour, au lycée Henri Poincaré de Nancy, Meurthe-et-Moselle, (je devais être en Seconde), le professeur nous dit : "je suis sûr que vous allez utiliser votre argent de poche pour aller au cinéma ou acheter des cigarettes, aucun d'entre vous n'aurait l'idée de sortir d'ici pour aller s'acheter "Les Fleurs du Mal" de Baudelaire. C'est ce jour-là que j'ai acheté mon premier exemplaire des "Fleurs du Mal". Mais le livre que me fit le plus d'impression , ce fut les "Poèmes" d'Apollinaire, dans le Livre de Poche. Il y eut aussi les "Derniers Poèmes d'amour" de Paul Eluard : celui-là, mon père le jeta, un jour, dans le fourneau à charbon, parce que je n'avais pas révisé ma composition d'histoire et géographie. Le fourneau rougeoyant et le livre ne s'effaceront jamais de ma mémoire.
Cela fait quarante-cinq ans que j'écris ! Il n'y a pas de "retraite" en vue pour moi : comme les grands acteurs meurent sur scène, les écrivains authentiques meurent la plume à la main. (D'ailleurs, la page blanche est une "scène" , où l'on met son coeur en jeu).
Je n'ai pu m'empêcher de sursauter de surprise , le jour où j'ai appris que le Général de Gaulle était mort, à la Boisserie, à Colombey-les-deux-Eglises, en faisant une "réussite", un jeu de cartes à la main, sur une table de bridge. Un homme qui maniait le verbe si admirablement, on l'aurait imaginé mourir en répétant ce qu'il avait magnifiquement dit, un jour, lors d'une conférence de presse : "après mon départ, ce n'est pas le vide qui est à craindre, c'est le trop-plein". Il est vrai qu'on ne choisit ni le jour, ni l'heure...
Cela fait quarante-cinq ans que j'écris ! Il n'y a pas de "retraite" en vue pour moi : comme les grands acteurs meurent sur scène, les écrivains authentiques meurent la plume à la main. (D'ailleurs, la page blanche est une "scène" , où l'on met son coeur en jeu).
Je n'ai pu m'empêcher de sursauter de surprise , le jour où j'ai appris que le Général de Gaulle était mort, à la Boisserie, à Colombey-les-deux-Eglises, en faisant une "réussite", un jeu de cartes à la main, sur une table de bridge. Un homme qui maniait le verbe si admirablement, on l'aurait imaginé mourir en répétant ce qu'il avait magnifiquement dit, un jour, lors d'une conférence de presse : "après mon départ, ce n'est pas le vide qui est à craindre, c'est le trop-plein". Il est vrai qu'on ne choisit ni le jour, ni l'heure...
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