dimanche 12 avril 2009

Lundi 13 Avril 2009

Comment ne pas reconnaître une parole fraternelle dans toutes ces phrases de Jean-Jacques Rousseau : "J'ai des passions très ardentes, et tandis qu'elles m'agitent, rien n'égale mon impétuosité : je ne connais plus ni ménagement, ni respect, ni crainte, ni bienséance; je suis cynique, effronté, violent, intrépide; il n'y a ni honte qui m'arrête, ni danger qui m'effraye : hors le seul objet qui m'occupe, l'univers n'est plus rien pour moi. Mais tout cela ne dure qu'un moment, et le moment qui suit me jette dans l'anéantissement." ( Les Confessions, p. 38, édition des Classiques Garnier, 1980).
Ou encore : "Si mon sang allumé me demande des femmes, mon coeur ému me demande encore plus de l'amour. Des femmes à prix d'argent perdraient pour moi tous leurs charmes; je doute même s'il serait en moi d'en profiter. Il en est ainsi de tous les plaisirs à ma portée; s'ils ne sont gratuits, je les trouve insipides. J'aime les seuls biens qui ne sont à personne qu'au premier qui sait les goûter." (p. 39, op.cit.)
Ou bien encore : "Au fort d'une certaine habitude d'être, un rien me distrait, me change, m'attache, enfin me passionne; et alors tout est oublié, je ne songe plus qu'au nouvel objet qui m'occupe." (p. 42, op.cit).
Je ne peux, décidément, relire Rousseau sans ressentir la formidable émotion qui s'empara de moi, lorsque je le lus la première fois :"Dans cette étrange situation, mon inquiète imagination prit un parti qui me sauva de moi-même et calma ma naissante sensualité; ce fut de se nourrir des situations qui m'avaient intéressé dans mes lectures, de les rappeler, de les varier, de les combiner, de me les approprier tellement que je devinsse un des personnages que j'imaginais, que je me visse toujours dans les positions les plus agréables selon mon goût, enfin que l'état fictif où je venais à bout de me mettre, me fit oublier mon état réel dont j'étais si mécontent. Cet amour des objets imaginaires et cette facilité à m'en occuper achevèrent de me dégoûter de tout ce qui m'entourait, et déterminèrent ce goût de la solitude qui m'est toujours resté depuis ce temps-là." (p. 43 et 44, op. cit).

Aucun commentaire: