Emouvante aussi est l'attitude immensément naïve de Chateaubriand, traçant sur le sable le nom de la femme qu'il aimait, en ce geste éternel des amants : "j'ai écrit un nom tout près du réseau d'écume, où la dernière onde vient de mourir; les lames successives ont attaqué lentement le nom consolateur; ce n'est qu'au seizième déroulement qu'elles l'ont emporté lettre à lettre et comme à regret : je sentais qu'elles effaçaient ma vie." (p. 403, op.cit.)
mercredi 31 décembre 2008
Mercredi 31 Décembre 2008. 17H41
Emouvante aussi est l'attitude immensément naïve de Chateaubriand, traçant sur le sable le nom de la femme qu'il aimait, en ce geste éternel des amants : "j'ai écrit un nom tout près du réseau d'écume, où la dernière onde vient de mourir; les lames successives ont attaqué lentement le nom consolateur; ce n'est qu'au seizième déroulement qu'elles l'ont emporté lettre à lettre et comme à regret : je sentais qu'elles effaçaient ma vie." (p. 403, op.cit.)
Mercredi 31 Décembre 2008. 14H04
Mercredi 31 décembre 2008. 10H05
Certes , ces "fragments retranchés", au dernier instant, par l'auteur, sous la pression de son entourage, ne contiennent pas d'éléments grandioses, mais des éléments simples et intimes, qui nous apprennent beaucoup, cependant, sur l'auteur et m'émeuvent particulièrement : " Nous ne pouvons souffrir aucune réputation ; nos vanités prennent ombrage de tout; chacun se réjouit intérieurement quand un homme de mérite vient à mourir : c'est un rival de moins; son bruit importun empêchait d'entendre celui des sots, et le concert croassant des médiocrités." (p. 376 de l'edition Flammarion Grand Format, 1982). Ou bien encore : "Toutes les fois que je suis tombé du sommet de ma fortune, j'ai ressenti une joie inexprimable à rentrer dans ma pauvreté et ma solitude, à jeter bas mes broderies, mes plaques, mes cordons, à reprendre ma vieille redingote, à recommencer les promenades du poète par le vent et la pluie, le long de la Seine vers Charenton ou Saint-Cloud." (p. 380, édition Flammarion Grand Format, 1982).
mardi 30 décembre 2008
Mardi 30 Décembre 2008. 14H56
Tout cela est formidablement injuste et trahit l'esprit d'un homme d'une société ancienne , pour lequel le clivage entre les nobles et ceux qui sont issus d'une basse extraction ne peut que perdurer.
Pourtant , c'est Rousseau qui me forma profondément honnête homme , moi qui suis, tout comme lui, issu d'un milieu social modeste, avec des textes extraordinaires, comme celui des Confessions qui s'achève par les lignes suivantes : " Ceux qui liront ceci ne manqueront pas de rire de mes aventures galantes , en remarquant qu'après beaucoup de préliminaires, les plus avancées finissent par baiser la main. O mes lecteurs ! ne vous y trompez pas. J'ai peut-être eu plus de plaisir dans mes amours, en finissant par une main baisée, que vous n'en aurez jamais dans les vôtres, en commençant tout du moins par là." (Confessions, édition Garnier, p. 154 , achevée d'imprimer le 10 Avril 1980).
lundi 29 décembre 2008
Lundi 29 Décembre 2008. 11H30
En 2008, soit trente-six ans plus tard, je lis dans les Mémoires d'Outre-Tombe (Tome IV) une page extraite des Confessions de Rousseau et fidèlement recopiée par Chateaubriand, p. 420 et 421, qui consiste en le récit de l'aventure que Rousseau vécut à Venise en compagnie d'une certaine "Zulietta", aventure qui se termine par une formule péremptoire adressée à Rousseau par ladite "Zulietta" : "lascia le donne e studia la matematica" : "laisse les femmes et étudie les mathématiques" (p. 421 des Mémoires d'Outre-Tombe, IV, op.cit. et page 379 de l'édition Garnier des Confessions, 1980).
J'ai donc renoué avec Rousseau, ce matin, par Chateaubriand interposé. Quant à la phrase prononcée par "Zulietta", je me suis dit que si une femme , ces jours-ci, m'adressait la même phrase à moi-même, je peux dire que je me dirais , en mon for intérieur, que mon inclination, ces jours-ci , ne va à rien d'autre qu'à des choses purement immatérielles. Comme "l'étranger" du poème en prose de Baudelaire (Petits poèmes en prose, 1869) , que l'on questionne sur ce qui suscite en lui de l'intérêt, je crois que je pourrais répondre, tout comme lui : "J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... les merveilleux nuages".
dimanche 28 décembre 2008
Dimanche 28 Décembre 2008. 9H48
Mais , dans le chapitre suivant (chapitre 10 du Livre trente-neuvième), qui s'ouvre par cette phrase qui poursuit la métaphore du chapitre précédent "Nous sommes allés voir cet autre champ qui attend le grand laboureur.", il y a cette phrase que je juge violente (à moins que je ne la comprenne pas) : "un jardin rempli de fleurs va rejoindre le gazon dont l'engrais se prépare encore sous la peau fraîche d'une jeune fille." (p. 413, op.cit.)
vendredi 26 décembre 2008
Vendredi 26 Décembre 2008. 16H43
*
* *
A-t-on lu, au XXI° siècle, Chateaubriand ? Lors de la dernière campagne présidentielle, en France, en 2007, la candidate Ségolène Royal, avait créé un site internet :"Désirs d'avenir". Or, je lis, dans les Mémoires d'Outre-Tombe, Tome IV, cette phrase écrite par Chateaubriand, à Venise (Hôtel de l'Europe), le 10 Septembre 1833, et qui fait, étrangement, écho au nom du site de Ségolène Royal : "Les débris d'une ancienne société qui produisit de telles choses, ne vous laissent aucun désir d'avenir". (p. 392, op. cit.)
Vendredi 26 Décembre 2008. 11H00
jeudi 25 décembre 2008
Jeudi 25 Décembre 2008. 16H10
mardi 23 décembre 2008
Mardi 23 Décembre 2008. 17H26
Mardi 23 Décembre 2008. 10H41
lundi 22 décembre 2008
Lundi 22 Décembre 2008. 16H46
Aujourd'hui lundi 22 Décembre, j'ai achevé d'écrire, tôt ce matin, quelques textes liés à l'engagement politique qui fut le mien en Mars 2008 : après la défaite de la liste sur laquelle je figurais en bonne place , je ne peux me résoudre à quitter le navire en train de couler (je laisse cela aux rats), et je veux témoigner de ma fidélité encore et encore à ceux qui m'avaient propulsé dans le rôle de "futur premier Adjoint au Maire de la ville de Romilly-Sur-Seine"...
Je me souviens de Joe Triché, Conseiller Général communiste du canton de Romilly 1, lorsque je vins à la permanence du Parti Communiste, faire acte d'allégeance, et de la seconde où il me demanda si j'acceptais les fonctions de Premier-Adjoint...
Je m'engageai dans la campagne : distributions de tracts, porte-à-porte...Un dimanche matin, Fethi Cheikh, Secrétaire du Parti communiste de la Section de Romilly, m'offrit un café noir dans un Bar-PMU...Puis , sur le trottoir, comme nous étions en train de distribuer des tracts, il me montra quelqu'un qui s'approchait de nous, en me disant, au creux de l'oreille : " c'est la tête pensante de la Droite à Romilly-Sir-Seine"...Cette tête pensante nous interpella, en disant : "vous n'êtes pas à la messe ?". Je répondis à cet individu : "Monsieur, nous sommes trop mécréants, que le Seigneur nous pardonne !"....
Puis il y eut le meeting où François Hollande et Marie-George Buffet vinrent soutenir notre liste...Au nom de ces souvenirs d'un combat commun, je continue à me battre aux côtés de ceux qui n'ont pas quitté le navire, après le naufrage de la défaite, le 16 Mars 2008... Telle est ma conception de l'honneur, qui semblera, peut-être, à certains, bien dérisoire, mais c'est ainsi.
Enfin, ce soir, je décide de consacrer le temps à la "lecture-plaisir", à "l'écriture-plaisir", qui est très loin de l'écriture des textes administratifs que l'on attend de moi dans la vie professionnelle.
Le Tome IV des Mémoires d'Outre-Tombe est sur ma table de chevet : je demeure ébloui par le fragment qui s'intitule "Journal de Carlsbad à Paris" (p.334 à 363, op. cit.)...Ce sont des pages où le texte s'envole, il n'y a pas d'autre mot.
lundi 15 décembre 2008
Mardi 16 Décembre 2008. 5H37
"Ceux qui sont amoureux, leurs amours chanteront,
Ceux qui aiment l'honneur, chanteront de la gloire,
Ceux qui sont près du roi, publieront sa victoire,
Ceux qui sont courtisans, leurs faveurs vanteront,
Ceux qui aiment les arts, les sciences diront,
Ceux qui sont vertueux, pour tels se feront croire,
Ceux qui aiment le vin, deviseront de boire,
Ceux qui sont de loisir, de fables écriront,
Ceux qui sont médisants, se plairont à médire,
Ceux qui sont moins fâcheux, diront des mots pour rire,
Ceux qui sont plus vaillants, vanteront leur valeur,
Ceux qui se plaisent trop, chanteront leur louange,
Ceux qui veulent flatter, feront d'un diable un ange,
Moi, qui suis malheureux, je plaindrai mon malheur."
mercredi 12 novembre 2008
Mercredi 12 Novembre 2008. 20H42
Travesties par des gueux, pour exciter des sots..."
Ce qui me pose problème, c'est l'anonymat de mes détracteurs : rien ne m'est plus odieux qu'une lettre anonyme . Le code de l'honneur, en ce début du XXI° siècle, est, décidément, mal en point.
Et puis l'admiration, ces jours-ci, d'une certaine personne (qui se reconnaîtra) pour deux poèmes en prose que j'ai écrits il y a assez longtemps ("Saint-Pétersbourg" et "L'amour") m'a fait, ces jours-ci , me poser une question : mon talent poétique ne décline-t-il pas, ces dernières années, au regard de ces textes poétiques déjà lointains ?
Enfin, j'ai pensé à d'autres textes , détruits, à mon insu et contre mon gré, à l'état de manuscrits dont je ne possédais qu'un seul exemplaire, par une certaine personne. Je me suis dit que j'étais incapable, cinq ans après, de les reconstituer de mémoire , et même de tenter de les ré-écrire : l'écriture d'un poème ne naît-elle pas de la conjonction d'événements de la vie intime, d'états d'âmes particuliers dont l'unicité tient à ce qu'Apollinaire appelait la "couleur du temps" ? L'un de ces textes parlait de "Marie Stuart", l'autre, d'un personnage de la mythologie : "Narcisse".
La destruction de ces textes me fait penser à l'extrême vulnérabilité des "ouvrages de l'esprit" . Que serions-nous, que serait la culture française, si Les Fleurs du Mal avaient été détruits, à l'état de manuscrits, avant même d'être édités ? De poser cette question ("sans elles, qu'y aurait-il de changé à la culture du monde ?") jette un éclairage pertinent sur ces oeuvres de l'esprit .
dimanche 2 novembre 2008
Dimanche 2 Novembre 2008. 15H53
Ne pourrions-nous en dire tout autant de la France de 2008 ?
Dimanche 2 Novembre 2008. 13H39
Tout cela me semble bien lointain et bien dérisoire, à moi, qui , il y a quelques jours, ai déposé un pot de bruyère sur la tombe de mon père, où , malgré les ravages du temps, on peut encore lire, cette phrase de la Bible : "l'Eternel est près de ceux qui ont le coeur brisé".
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Pourtant , mon père, issu du monde ouvrier, n'était pas insensible à la poésie et n'était pas sans culture : après une fugue que j'avais faite , à douze ans, jusqu'à Marseille, il me dédicaça un exemplaire des Confessions de Rousseau, en ces termes : "Jean-Jacques Rousseau, Arthur Rimbaud, Michel Conrad, la lignée des fugitifs. Bon courage, mon petit !" "Fugitif", ce mot, tout compte fait, me caractérise bien , même si, aujourd'hui, mes voyages sont plutôt imaginaires. Disons que je suis un fugitif immobile, un "voyageur autour de ma chambre".
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Alors qu'il n'y avait aucun livre à la maison, je découvris, malgré tout, dans les affaires de mon père, un livre minuscule, qui tenait dans une paume, illustré d'aquarelles et publié chez Gründ : Les Fêtes Galantes , de Verlaine. Ce livre aussi a beaucoup compté dans la conception que je me suis faite de la poésie.
Dimanche 2 Novembre 2008. 13H16
Piqué au vif, je courus acheter Les Fleurs du Mal de Baudelaire dans l'édition prescrite, comme on va voler un fruit défendu, dans un jardin qui nous est interdit. Peut-être ai-je été le seul élève de la classe à acheter ce livre, ce jour-là ! Mais de la lecture des Fleurs du Mal est né mon inextinguible amour de la poésie.
Plus tard, vinrent les découvertes des poèmes d'Apollinaire, Eluard, Aragon, Cadou, Desnos, Breton, et de tant d'autres... Mais je ne peux oublier la couverture de l'exemplaire des Fleurs du Mal acheté en 1963 :" l'Olympia", de Manet, sur fond noir...
Puisse un adolescent d'aujourd'hui, (tel que mon fils A. , qui est en Seconde , comme je l'étais , alors) , lisant ces lignes, courir acheter Les Fleurs du Mal, à son tour !
vendredi 31 octobre 2008
Vendredi 31 Octobre 2008. 9H03
mercredi 8 octobre 2008
Mercredi 8 Octobre 2008. 15H03
Dans la même journée d'hier, on me raconte l'histoire d'un ouvrier qui s'enferme dans un local, en disant qu'il va "se trancher la gorge" et que "c'est à cause de son patron." J'éprouve une grande compassion pour tous ceux que broie le travail.
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Hier, également, toutes les chaînes de télé nous montrent l'exposition "Picasso et les Maîtres", au Grand Palais. La caméra montre les oeuvres de Titien, Velasquez, Goya, Zurbaran, Poussin, Ingres, Manet, Cézanne, Van Gogh, mêlées à celles de Picasso . Je retiens surtout qu'un artiste qui veut forger son oeuvre personnelle ne peut se passer d'une ardente réflexion sur les oeuvres des autres artistes. Il en va de même pour la littérature.
mardi 7 octobre 2008
Mardi 7 Octobre 2008. 20H56
Dimanche 5 Octobre : je note deux phrases des Mémoires d'Outre-Tombe : "rien ne brise le coeur comme la simplicité des paroles dans les hautes positions de la société et les grandes catastrophes de la vie."' (p. 259, IV, op. cit.). Et ceci, encore : Charles X , en exil à Prague, en 1833, attend la visite de Chateaubriand, et dit à ses petits-enfants : "Devinez qui vous verrez demain : c'est une puissance de la terre !" (p. 266, IV, op. cit.) Qu'un grand écrivain puisse être qualifié de "puissance de la terre" par un roi, même s'il s'agit d'un roi déchu, un roi exilé, m'émeut.
Lundi 6 Octobre : j'ai pensé, je ne sais pourquoi, à ce Proviseur mort il y a plus de quinze ans, dans l'exercice de ses fonctions, à Thionville (Moselle). Atteint d'un cancer qui s'était propagé à la colonne vertébrale, il venait travailler, chaque jour, dans un corset de plâtre, autour du torse, dont nous nous amusions, nous, ses collègues, en toquant dessus, avec l'index. Comme on fait toujours dans ces cas-là, nous lui parlions comme s'il allait ne jamais mourir.
Mardi 7 Octobre : à mon fils A., qui me dit au téléphone que ses études l'ennuient , je réponds que je me suis , tout comme lui, énormément ennuyé au lycée. J'ai découvert le plaisir intellectuel des études seulement à la Faculté des Lettres de Besançon (Doubs), en préparant ma Licence es Lettres Modernes, en 1972. Je me souviens d'un exposé que j'avais fait devant mes condisciples sur une page des Confessions de Jean-Jacques Rousseau (la journée des cerises) . A la fin de mon exposé, le commentaire de l'enseignant (Paul Sadrin) m'est allé droit au coeur : "Monsieur, si Jean-Jacques Rousseau avait été là, il aurait été content."
dimanche 5 octobre 2008
Lundi 6 Octobre 2008.6H29
Hier , dans le village où se trouve blottie, face à l'église, ma maison lorraine, mon voisin, m'invite à boire l'apéritif, à midi. Le voisin, devant sa soeur, rappelle que j'écris de la poésie, que je publie sur internet. Sa soeur m'apprend qu'elle écrit de la poésie, elle aussi, et a obtenu un prix de la Société des Poètes français.
Je me mets à parler de toute la trajectoire de ma vie de poète, ou du moins de celle que je veux bien montrer, comme, sur ce blog, je choisis d'écrire certaines choses de ma vie, et de ne pas tout dire de ce qu'il m'arrive dans ma vie.
Bref , de ma vie je raconte les échos qu'eurent mes textes, les déceptions entre ce que l'on imagine du pouvoir de la poésie et son pouvoir réel, cette soirée mondaine, il y a trente ans, à Jussey (Haute-Saône), dans un domicile privé, où l'on me demande de lire en public des poèmes, accompagné d'un pianiste et où je découvre que la maîtresse de maison, à qui je demande un exemplaire d'un de mes recueils, n'en a même pas coupé les pages !
Je parle de cette étudiante d'hypokhâgne qui , il y a vingt ans, m'écrit de Jarny (Meurthe-et-Moselle) sans m'avoir jamais rencontré : "je cherche votre adresse depuis des mois, j'anime une émission dans une radio locale et je voudrais vous consacrer une émission que j'intitulerais : Michel CONRAD, Sol, Soleil, Solitude". J'explique que , sans que je sache vraiment pourquoi, je n'ai pas daigné me rendre dans cette radio locale de Jarny, et que je n'ai jamais rencontré cette admiratrice inconnue.
Je raconte que j'ai découvert récemment, grâce à internet, qu'un de mes recueils de poèmes, Le Soir dans les Jardins, se trouve à la Library of Congress de Washington, et que j'aimerais rencontrer le diplomate qui a fait traverser l'Atlantique à cette plaquette de onze pages imprimée, à cent exemplaires, à compte d'auteur, par l'Imprimerie Néo Typo de Besançon (Doubs) en 1976.
J'oublie de raconter ce lundi 17 Décembre 2001, où dans une librairie de Charmes (Vosges), je découvre le livre de Bernard Lorraine "Panorama de la Poésie en Lorraine"(Editions Serpenoise, 1999), où une page m'est consacrée . Alors que je me promettais de faire les démarches pour le rencontrer, Bernard Lorraine meurt en Mars 2002, à Neufchâteau (Vosges), sans que j'aie pu le remercier.
Ces personnes (la jeune fille d'hypokhâgne , le diplomate inconnu, Bernard Lorraine), ce sont les rendez-vous manqués de ma vie, à jamais , et pour "les siècles des siècles", comme disait le pasteur, dans mon enfance, quand j'assistais au culte protestant, au Temple de Nancy (Meurthe-et-Moselle).
Après m'avoir longuement écouté, la soeur de mon voisin me dit que je dois absolument découvrir l'oeuvre d'un poète, dont elle écrit le nom sur un post-it, qu'elle me donne : "Boris Gamaleya".
Rentré dans ma maison lorraine, j'apprends, par internet, que Boris Gamaleya est né en 1930 à la Réunion . Communiste, professseur de Collège, il est victime de l'ordonnance Debré du 15 Octobre 1960, autorisant les pouvoirs publics à procéder à l'exil forcé en métropole des fonctionnaires de l'outre-mer troublant l'ordre public. Boris Gamaleya écrit, à Romainville, où il est exilé, Vali pour une reine morte de 1960 à 1972, puis, après une grève de la faim en 1972, obtient de rentrer à la Réunion où il publie en 1973, à compte d'auteur, Vali pour une reine morte.
samedi 4 octobre 2008
Dimanche 5 Octobre 2008. 5H23
Vendredi 3 Octobre 2008, j'étais dans une réunion professionnelle, dans un Collège de la banlieue de Troyes. Il y avait là des Chefs d'Etablissement , une représentante du Centre Départemental d'Accès au Droit et des représentants de l'Inspection Académique. Tous ces gens parlaient de choses excessivement sérieuses , comme , par exemple, "l'ordonnance de 1945" concernant la Justice des mineurs, etc.
Dans le groupe que nous constituions, , il y avait B. , dont je fus l'Adjoint , de Septembre 2005 à Juin 2006. Après la réunion, nous allâmes dans la salle où, dans ce Collège, se trouvait exposée "l'exposition 13/18 " qui constitue une initiation des jeunes à ce qu'ils doivent savoir concernant la Justice. Je m'adressai à B. : comment cela se passait-il dans le nouveau Collège qu'il dirigeait ? Avec sérieux et morosité (B. est un homme de peu de paroles) , il me parla de la rénovation en cours des bâtiments, qui était plus que nécessaire, etc.
Soudain, je demandai à B. ce que devenait sa fille, que j'avais connue élève de 3°, en 2005-2006. Son visage s'illumina : pendant qu'il me parlait, avec un enthousiasme non feint, des succès scolaires et artistiques de sa fille, de son "nouveau violon, confectionné sur mesure par un luthier de Bruxelles", de "l'archet au carbone qu'elle utilise désormais", je pensai à deux phrases : d'abord , à une phrase du Père Goriot , dans le roman de Balzac qui porte ce nom : "quand j'ai été père, j'ai compris Dieu", et ensuite à un proverbe persan : "celui qui n'a pas d'enfant n'a pas de lumière dans les yeux."
Samedi 4 Octobre 2008. 18H47
Il est bon que la jeunesse soit insouciante, audacieuse, qu'elle aille au-devant des difficultés de la vie, avec l'enthousiasme et l'innocence que nous avons eues, nous aussi, à vingt ans. C'était , comme dit la chanson d'Aznavour, "hier encore..."
C'est dans le regard des autres que nous découvrons, soudain, chaque jour, plus sûrement que dans un miroir, qui nous sommes devenus. Et il suffit de regarder nos parents s'avancer dans le grand âge, pour savoir qui nous serons.
mercredi 1 octobre 2008
Mercredi 1 Octobre 2008. 18H32
D'ailleurs, la vie tout entière n'est-elle pas un marathon, un marathon qui finit mal, puisque c'est la Mort qui nous attend, sur la ligne d'arrivée ?
Quand la réunion prit fin, comme chacun partait vers son domicile, au moment où je sortais du local où nous nous trouvions, un membre de notre groupe me dit, par plaisanterie, Dieu sait pourquoi : "et ne va pas dévaliser la Banque !" Avais-je une tête à ça ?
Rue de la Boule d'Or, sur le chemin de mon appartement de fonction, j'eus envie de courir, sans en avoir la force, en pensant à cette phrase de Mai 1968, cette phrase de mes vingt ans : "cours vite, camarade, le vieux monde est derrière toi !"
dimanche 28 septembre 2008
Dimanche 28 Septembre 2008. 18H40
Quant à ce "misérable miracle", je dirais que cette expression, à mes yeux, pourrait caractériser , de la façon la plus précise possible, la vie humaine. En effet, quoi de plus miraculeux que la vie, la pensée, les heures du petit matin, dans un jardin dont l'herbe est couverte de rosée ? Quoi de plus misérable que la vie qui s'étiole et que le temps dévore, jour après jour, heure après heure, jusqu'à ce que l'huile de la lampe soit, tout entière, consumée ?
samedi 20 septembre 2008
Dimanche 21 Septembre 2008. 8H14
jeudi 18 septembre 2008
Vendredi 19 Septembre 2008.6H44
"Le temps n'est plus, Seigneur, où je pouvais trembler"
dit un personnage de Racine, cherchant à ne pas voir cet inéluctable de la tragédie qui s'est resserré autour de lui, tout comme l'espace, au sein de la règle dite des "trois unités" : temps, lieu, action.
dimanche 14 septembre 2008
Dimanche 14 Septembre 2008. 9H33
Il est temps, pour moi, de rendre hommage, à la poésie de Guillaume Apollinaire. Ma vocation de poète est tout droit sortie d'un "Livre de Poche" qui , dans les années 1960, proposait une sélection de poèmes d'Apollinaire , sous une couverture bleu ciel, sur laquelle étaient reproduites, je crois, les lignes verticales et légèrement obliques du merveilleux poème qui commence par : "Il pleut des voix de femmes comme si elles étaient mortes, même dans le souvenir..."
Aujourd'hui , sans que je sache pourquoi, c'est un quatrain d'Apollinaire qui résonne, dans ma mémoire, depuis quelques jours :
"Du joli bateau de Port-Vendres
Tes yeux étaient les matelots
Et comme les flots étaient tendres
Dans les parages de Palos."
Il y a tout dans ce quatrain : une harmonie des sons (par des répétitions de sons, qui créent une musicalité et un rythme, comme le bercement de la mer) et du sens , avec cet imparfait de l'indicatif , répété d'un vers à l'autre, qui permet, dans la langue française, de suspendre le temps : "étaient".
J'aurais tendance à nommer ce temps verbal , non pas "l'imparfait" de l'indicatif, mais le "temps suspendu" de l'indicatif. Car c'est, non pas d'un "imparfait" dont il s'agit, mais d'une parfaite plénitude, d'un moment de bonheur inachevé, comme tous les moments de bonheur, sans doute, et que les magie des mots, ici, nous restitue.
mercredi 3 septembre 2008
Mercredi 3 Septembre 2008. 16H26
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Et puis il y a cette fulgurance : "Matière de songes est partout" (p.223, op.cit.).
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* *
Et encore cela : "Le 19 Mai, à midi, j'avais quitté Ulm. A Dillingen les chevaux manquèrent. Je demeurai une heure dans la grande rue, ayant pour récréation la vue d'un nid de cigognes planté sur une cheminée comme sur un minaret d'Athènes ; une multitude de moineaux avaient fait insolemment leurs nids dans la couche de la paisible reine au long cou. Au-dessous de la cigogne, une dame, logée au premier étage, regardait les passants à l'ombre d'une jalousie demi-relevée ; au-dessous de la dame était un saint de bois dans une niche. Le saint sera précipité de la niche sur le pavé, la femme de sa fenêtre dans la tombe : et la cigogne ? elle s'envolera : ainsi finiront les trois étages." (p. 226 et 227, op.cit.)
Ainsi parlait François-René en 1833, quinze ans avant sa mort en 1848. Et moi-même, qui recopie méticuleusement ces phrases de Chateaubriand, en ce 3 Septembre 2008 , comment finirai-je ? Et vous, qui me lisez ?
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* *
Et puis cette extraordinaire mise en perspective historique : "En 1793, la République enleva de l'église de Blenheim les guidons arrachés à la monarchie en 1704 : elle vengeait le royaume et immolait le roi : elle abattait la tête de Louis XVI, mais elle ne permettait qu'à la France de déchirer le drapeau blanc." (p. 227, op. cit.)
dimanche 31 août 2008
Dimanche 31 Août 2008. 11H04
samedi 30 août 2008
Samedi 30 Août 2008. 17H56
Si Chateaubriand est un maître, à mes yeux, c'est, essentiellement, un maître à écrire : "Si j'ai jamais senti à la fois la vanité et la vérité de la gloire et de la vie, c'est à l'entrée du bois silencieux, obscur, inconnu, où dort celle qui eut tant d'éclat et de renom, et en voyant ce que c'est que d'être véritablement aimé." (p. 184, op. cit.)
Samedi 30 Août 2008. 11H13
Ainsi (p. 181, op. cit.) : "si j'eusse été libre et seul, j'aurais demandé aux moines quelque trou dans leurs murailles pour y achever mes Mémoires auprès d'une chouette ; puis je serais allé finir mes jours sans rien faire sous le beau soleil fainéant de Naples ou de Palerme : mais les beaux pays et le printemps me sont devenus des injures, des désastres et des regrets."
Ou encore , cette citation que Chateaubriand fait de l'un de ses ouvrages, René : "La famille de l'homme n'est que d'un jour ; le souffle de Dieu la disperse comme une fumée. A peine le fils connaît-il le père, le père le fils, le frère la soeur, la soeur le frère ! Le chêne voit germer ses glands autour de lui, il n'en est pas ainsi des enfants des hommes !" (p. 182 et 183, op.cit.)
Quel plus beau lamento concernant le temps qui passe et la précarité de la vie ?
mercredi 27 août 2008
Jeudi 28 Août 2008. 6H18
C'est, évidemment, un homme ardemment amoureux qui écrit ces lignes. A son arrivée au bord du lac de Constance, il feint une coïncidence : tandis qu'il attendait Madame de Chateaubriand, "Madame Récamier était arrivée depuis deux jours pour faire une visite à la reine de Hollande" (p.171, op. cit.). Par une extraordinaire coïncidence , elle descend dans la même auberge ! "Dans la ville délabrée de Constance, notre auberge était fort gaie [...] Madame Récamier voulut se mettre à l'abri de la joie de nos hôtes : nous nous embarquâmes sur le lac..." Après une petite traversée, ils abordent à la "grève d'un parc" où, au terme d'une promenade en tête-à-tête, Chateaubriand écrit sur les "tablettes" de Madame Récamier :"Que mes jours expirent à vos pieds, comme ces vagues dont vous aimez le murmure." (p.172, op. cit.).
Au retour de cette promenade, ils rencontrent (p. 172, op. cit.) la reine de Hollande et son fils, le futur Napoléon III, alors âgé de 24 ans, dont Chateaubriand qui mourra en 1848, ne verra pas l'avènement. Mais c'est comme si la suite de l'Histoire de France, l'Histoire de France d'au-delà de sa propre vie, venait à sa rencontre, là, sur les rives du lac de Constance, et je ne peux m'empêcher de penser que Chateaubriand avait, en son for intérieur, la prescience de qu'allait devenir le jeune "Louis-Napoléon".
vendredi 22 août 2008
Vendredi 22 Août 2008. 17H32
samedi 16 août 2008
Samedi 16 Août 2008. 19H36
J'admire cette langue française encore tout imprégnée de l'élégance du XVIII° siècle : "vous avez des armes qui touchent de loin". A propos de cette dernière expression, Jean-Claude Berchet, maître de conférences à l'Université Paris III-Sorbonne nouvelle, gnose en bas de page : "c'est-à-dire une plume".
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Autre admirable expression, de Chateaubriand, cette fois, concernant les "danses de la mort" de Holbein : "La Mort est variée à l'infini, mais toujours bouffonne à l'instar de la vie, qui n'est qu'une sérieuse pantalonnade." (p. 146, op. cit.)
dimanche 10 août 2008
Dimanche 10 Août 2008. 17H18
vendredi 8 août 2008
Vendredi 8 Août 2008. 10H36
Arrivé ici le mardi 5 Août à dix heures du soir. Mon fils S. vient me chercher devant la gare Matabiau. Le mercredi 6 Août, à huit heures du matin, depuis le balcon de S. , une vue sur la ville, mais surtout, surtout, mes retrouvailles avec la "lumière du Sud". Comment parler de cette lumière, que j'ai découverte il y a bien longtemps, en Corse ? Avec, en prime, en Corse, l'odeur du maquis, qui ne se raconte pas, mais se vit. Depuis ce 6 Août, le ciel de Toulouse est nuageux, changeant, mes retrouvailles avec la "lumière du Sud" n'ont duré que quelques heures.
Aujourd'hui, il pleut.
dimanche 3 août 2008
Dimanche 3 Août 2008. 11H42
jeudi 31 juillet 2008
Jeudi 31 Juillet 2008. 22H13
Tout est dans ce balancement entre la pureté virginale, monacale, ( "la candeur") et son contraire, un abîme ouvert à la fièvre des sens ("la volupté"). Ce balancement dans l'esprit de Chateaubriand crée le vertige et explique quarante ans de fascination.
Plusieurs occurrences renvoient au champ lexical de la pureté : "vêtue d'une robe blanche ; elle s'assit au milieu d'un sofa de soie bleue;" Le blanc et le bleu sont les couleurs de la Vierge. "Je crois que je priai le ciel de vieillir cet ange, de lui retirer un peu de sa divinité."
Cependant, le souci est clairement exprimé que ce rêve évellé de la rencontre devienne une réalité ("j'aimais la réalité plus que le songe"), afin que l'image pure, quasi dématérialisée, ce "portrait de la candeur", prenne corps, s'ancre dans le réel, dans le monde des sens, et aboutisse enfin à "la volupté" : "je lui ôtais des charmes pour la rapprocher de moi".
mercredi 30 juillet 2008
Mercredi 30 Juillet 2008. 12H40
Mercredi 30 Juillet 2008. 9H44
Plus que jamais, il faut lire entre les lignes : "Madame Récamier sortit et je ne la revis que douze ans après." (p. 579, op. cit.)
J'apprécie l'art du non-dit, de l'euphémisme et de la litote : comment arriver à dire de la manière la plus forte possible des sentiments extrêmes, sans violer le code des convenances, sans rien révéler de précis ? Par cette phrase, sans doute , qui ouvre la paragraphe qui suit la phrase que je viens de citer et qui s'achève par deux beaux oxymores : "Douze ans ! Quelle puissance ennemie coupe et gaspille ainsi nos jours, les prodigue ironiquement à toutes les indifférences appelées attachements, à toutes les misères surnommées félicités." (p. 579, op. cit.).
Lisant cela, on songe à l'accent des alexandrins de la tragédie racinienne :
"Que le jour recommence et que le jour finisse
Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice" (Racine , Bérénice).
Mardi 29 Juillet 2008. 21H55
--Quand l'amour meurt, lui succède son simulacre, qui ressemble autant à l'amour qu'un épouvantail ressemble à un être humain.
lundi 28 juillet 2008
Dimanche 27 Juillet 2008. 19H55
dimanche 27 juillet 2008
Dimanche 27 Juillet 2008. 9H35
Dans ma maison, en Lorraine.
Songé, hier, à cette idée simple que je livre à mon lecteur, ma lectrice bénévoles : en littérature, on pourrait distinguer les « transhumants des siècles », les « enjambeurs des siècles » (Chateaubriand : 1768-1848) et ceux qui ont les deux pieds dans le même siècle (Hugo : 1802-1885). Mais, pour ce qui concerne Chateaubriand et Hugo, tous deux ont été les témoins de mutations considérables de la France : de la Monarchie à la Restauration, en passant par l’Empire, pour Chateaubriand, de l’Empire à la République en passant par le Second Empire, pour Hugo. Le parallèle entre ces deux écrivains pourrait être développé : n’est-ce pas le jeune Hugo qui disait : « je serai Chateaubriand, ou rien ». ?
Avant de quitter Romilly-Sur-Seine, j’achetai, avant-hier, des tuteurs et du fil pour « mon jardin zen » (quatre pots de lavande posés sur le goudron de la cour minuscule qui m’a été attribuée, au titre de « l’appartement de fonction ». *** me dit : « tu vas enlever ça, (les tuteurs et le fil), c’est ridicule ! ». Je lui répondis : « mon père disait à ma mère, avec une tendre ironie, lorsqu’elle se mêlait d’improviser des travaux de jardin : « c’est ton jardin polonais ». Eh bien, ces quatre pots de lavande sont mon jardin polonais ! »
Parti, hier, de Romilly-Sur-Seine, avec A. et ***, passé à la gare de Nancy pour déposer ***, puis dans la banlieue de Nancy pour boire une tasse de thé « Lipton », avec une rondelle de citron, chez ma mère, j’arrive ici vers 19H30. Ici, derrière ma maison, en Lorraine, ce n’est pas le goudron d’une cour qui m’attend, mais un jardin en friche, avec une herbe tellement haute qu’il faudrait une débroussailleuse performante (que je n’ai pas), pour en venir à bout. La maison possède, sur le devant, côté rue, une petite terrasse cimentée : le ciment s’est fissuré, par endroits, et les herbes sauvages y poussent, avec la complicité de l’eau qui coule du chéneau d’une minuscule véranda, par une gouttière qui pend, étrangement, dans le vide:
J’improvisai un repas, pour A. et moi. Quand la nuit descendit sur le village, je me rendis compte, seul, dans ma chambre, au premier étage, qu’à force de vivre quotidiennement dans une ville, j’avais désappris l’obscurité et le silence absolus d’une nuit sans lune, à la campagne.
Après une nuit difficile (le lit de fortune, sur lequel je dors dans cette maison est d’un inconfort absolu, et mes apnées du sommeil ont dû être nombreuses), je lis, ce matin, dans les Mémoires d’Outre-Tombe (Classiques de Poche, III, p. 456, op. cit.), cette phrase d’une force inouïe : « La presse est un élément jadis ignoré, une force autrefois inconnue, introduite maintenant dans le monde ; c’est la parole à l’état de foudre ; c’est l’électricité sociale ». Ne pourrait-on remplacer, aujourd’hui, le mot « presse », par le mot « internet » ?
Au-delà de ce que dit le texte de Chateaubriand, sur le plan historique, philosophique, artistique, religieux, il faut lire, en filigrane, le non-dit, tout ce qui se rapporte à sa vie privée Au-delà de son souci de construire une œuvre, ou d’agir sur le monde par la politique, le fil conducteur de sa vie est, en réalité, la vie affective. C’est exactement cela que tous ceux à qui je parle de mon admiration pour Chateaubriand et qui me regardent avec de grands yeux étonnés, n’ont jamais su voir. Je renvoie mon lecteur, ma lectrice bénévoles aux pages suivantes de cette édition des Classiques de Poche, Tome III : page 394, note 1, comme page 432, note 1, ou encore page 455, passim….Je ne saurais rédiger un « reader’s digest » de tout cela : il me semble que mon lecteur, ma lectrice ne peuvent faire l’économie de l’effort de lire cela dans le texte, et dans les notes précieuses, en bas de page, de Jean-Claude Berchet.
Vendredi 25 Juillet 2008. 14H32
Je venais d’achever les cours de Licence de Lettres Modernes de l’Université de Besançon (Doubs, France), où j’avais eu, pour professeurs, Michel Appel-Muller, spécialiste d’Aragon et d’Elsa Triolet, mon amie regrettée Eve Malleret, qui est sans aucun doute, encore aujourd’hui, la meilleure traductrice en français de l’œuvre de la poétesse russe Marina Tsvétaïeva, Paul Sadrin, qui m’a appris à lire Jean-Jacques Rousseau, Anne Ubersfeld, qui m’a appris à lire le théâtre de Racine, et, pour condisciples, les poètes Alex Abouladzé, décédé depuis, Alain Jean André, Pierre Perrin….C’est aussi à Besançon (où j’habitais rue Colsenet) que je fis la connaissance de mon regretté ami l’écrivain Jean-Serge Berg, alors jeune professeur de mathématiques remplaçant.
Le recensement de ses amis passés, quand on atteint un âge que d’autres, hélas, n’ont pas atteint, devient une « leçon de ténèbres ». Je parlerai peut-être un jour, longuement, de toutes ces personnes peu banales, et qui ont laissé une grande empreinte dans ma vie, dans un ouvrage autobiographique, si Dieu me prête vie, si le courage ne me manque pas…
En attendant, quand je lis les quatre pages (Classiques de Poche, III, p.414 à p.418, op.cit.) auxquelles Chateaubriand, dans ses Mémoires d’Outre-Tombe a donné pour titre « Promenades », je me dis que cela peut, en vérité, se lire comme une formidable leçon de français, une leçon d’écriture.
mercredi 23 juillet 2008
Mercredi 23 Juillet 2008. 18H08.
mardi 22 juillet 2008
Mardi 22 Juillet 2008. 15H42
dimanche 20 juillet 2008
Dimanche 20 Juillet 2008. 15H30
samedi 19 juillet 2008
Samedi 19 Juillet 2008. 14H44
*
Comme un chanoine lit son missel , je lis les Mémoires d'Outre-Tombe, à petites doses, un peu chaque jour, paragraphe par paragraphe . Ainsi, ce matin : "Je me reconnais effrontément l'aptitude aux choses positives, sans me faire la moindre illusion sur l'obstacle qui s'oppose en moi à ma réussite complète. Cet obstacle ne vient pas de la muse ; il naît de mon indifférence de tout. Avec ce défaut, il est impossible d'arriver à rien d'achevé dans la vie pratique". (III, p. 407, op. cit.)
vendredi 18 juillet 2008
Samedi 19 Juillet 2008. 8H26
En poursuivant ma lecture, quelques pages plus loin, je me dis qu'au-delà du filigrane historique, au-delà de cette trame que constitue l'ambassade à Rome de François-René de Chateaubriand, qui dura sept mois qui lui permit, à son arrivée à Rome, en Octobre 1828, de rencontrer le Pape Léon XII (p.253, op. cit.), d'être témoin de sa mort le 18 Février 1829 (p. 336, op. cit.) d'être témoin de l'élection de son successeur, le Pape Pie VIII, le 31 Mars 1829 (p. 376, op. cit.), de la nomination du cardinal Albani et tant que Secrétaire d'Etat (p. 378, op. cit.), d'être reçu par Pie VIII, dans le cadre d'une audience particulière, le 29 Avril 1829 (p. 399, op.cit.), il n'en reste pas moins que l'essentiel de ce qui fait la beauté des Mémoires d'Outre-Tombe se trouve dans cette phrase qui termine le chapitre intitulé "Pie VII" (pages 400 et 401, op. cit.) : "Ma fidélité à la mémoire de mes anciens amis doit donner confiance aux amis qui me restent : rien ne descend pour moi dans la tombe ; tout ce que j'ai connu vit autour de moi : selon la doctrine indienne, la mort, en nous touchant, ne nous détruit pas ; elle nous rend seulement invisibles."
Vendredi 18 Juillet 2008. 18H09
jeudi 17 juillet 2008
Jeudi 17 Juillet 2008. 21H48
Jeudi 17 Juillet 2008. 9H51
Dans l'appartement de fonction du collège où je suis logé par "nécessité absolue de service", tandis que tous , élèves, professeurs, personnels sont en vacances, je travaille pour le Collège, chaque jour, depuis une dizaine de jours, sur un ordinateur. Je construis l'emploi du temps des professeurs et des élèves pour l'année scolaire 2008-2009.
Or, pour réussir cet exercice, il me manque, parmi toutes les facultés intellectuelles humaines, celles que le Conseiller d'Orientation Psychologue du Collège nomme les "facultés hypothético-déductives". Si bien que le travail que je suis en train d'accomplir m'est très difficile, j'avance avec une lenteur extrême, dessinant des schémas sur le papier pour me représenter graphiquement à moi-même ce que je suis en train de faire...Tout cela me semble un puzzle géant , avec des centaines de pièces (j'ai horreur des puzzles), ou, plus exactement, cela me semble ce genre de puzzle, pour enfant en bas âge, enfermé dans un quadrilatère de plastique, où une pièce manquante permet le déplacement des pièces, pour reconstituer la bonne image. C'est un peu la même chose que je suis en train de faire : le bon emploi du temps est celui qui conciliera les intérêts des élèves et des professeurs.
J'ai vu des Chefs d'Etablissement qui adoraient cet exercice : l'un d'entre eux construisait l'emploi du temps, au mur, à l'aide de fiches cartonnées multicolores qu'il mettait dans un panneau métallique destiné à recevoir ces fiches. Il faisait cela avec la vélocité et l'enthousiame du toréador qui plante des banderilles, se reculant de quelques mètres pour avoir une vue d'ensemble du tableau qu'il était en train de construire, puis s'élançant et glissant d'un air triomphal des fiches de couleur, au bon endroit. Je le regardais faire, sans tout comprendre de ce qu'il faisait. Maintenant, je suis à pied d'oeuvre, seul, devant l'ordinateur et je comble les trous dans les grilles horaires, cherchant, à l'infini, la combinaison qui pourra satisfaire tout le monde !
mercredi 16 juillet 2008
Mercredi 16 Juillet 2008. 11H15
dimanche 13 juillet 2008
Dimanche 13 Juillet 2008. 8H45
Hier, je suis parti, avec mon fils Alexandre, de Romilly-Sur-Seine, pour aller voir ma mère, dans la banlieue de Nancy (Meurthe-et-Moselle), puis je suis arrivé dans ma maison lorraine vers dix neuf-heures. Nous avons relié le très récent et minuscule « eeePC », connecté à Internet grâce à SFR, à un écran d’ordinateur, vieux de quinze ans et beaucoup plus volumineux : ça a marché !
Puis, vers vingt heures, nous sommes allés manger un « kebab », dans la petite ville voisine. Le patron du « kebab » est un ancien élève du Lycée dont j’étais Proviseur, il y a dix ans. En ce temps-là, il préparait un C.A.P. de Maçonnerie, et j’étais « son » Proviseur…Dans le « kebab », il y avait foule : des gens de milieux modestes, essentiellement. Au retour du « kebab », j’ai arrêté la voiture pour photographier, à l’aide du téléphone portable, le soleil couchant.
Hier soir, avant de m’endormir, j’ai lu quelques lignes d’une petite anthologie que je viens d’acheter : « 1, 2, 3…bonheur ! Le bonheur en littérature » (collection Folio 2 Euros, N° 4442, imprimé le 22 Novembre 2007).
Ce matin : le tour du jardin, sous le ciel gris, une tasse de café à la main. Par endroits, les herbes et les feuillages constituent une petite jungle sauvage, trempée de rosée. J’aimerais être féru de botanique et pouvoir nommer chacune des herbes sauvages qui constituent « l’éco-système » de mon jardin ! Près du vieux puits, la lavande a encore grandi, le vieux pommier va donner, cette année, contrairement à l’année dernière, des myriades de pommes. En revanche, les roses et les lys orangés ont défleuri, à mon grand dam !
Au retour, dans ma chambre, (qui est à la fois ma chambre et mon « bureau » et où me parvient, comme un petit miracle, malgré l’air humide, par instants, l’odeur des troènes en fleurs) je lis, à nouveau, quelques lignes du livre que je viens d’acheter. Il y a, là dedans, un texte assez tonique de Jean Giono, intitulé « La chasse au bonheur ». On peut y lire les lignes suivantes : « Il y a un compagnon avec lequel on est tout le temps, c’est soi-même : il faut s’arranger pour que ce soit un compagnon aimable. » (p.16, op.cit.). En lisant cette phrase, je me suis dit que j’avais vécu, pendant des années, dans un constant désamour de moi-même, et que cela a été la cause majeure de mon « malheur », ou du moins de la sensation subjective de ce que je croyais être mon « malheur », malgré toutes les raisons objectives d’être heureux que je pouvais avoir.
Il y a une autre phrase, un peu plus loin dans le même texte, que je voudrais encore citer : « A mesure que l’habitude du bonheur s’installe, un monde nouveau s’offre à la découverte, qui jamais ne déçoit, qui jamais ne repousse, dans lequel il suffit parfois d’un millimètre ou d’un milligramme pour que la joie éclate. » (p. 19, op.cit.). Cette phrase m’a fait penser à deux textes que j’ai écrits naguère, et que je cite de mémoire : « Avez-vous déjà ressenti le bonheur par mégarde… » et le texte qui se termine par « On pourrait continuer de vivre. On pourrait ». Je laisse à l’internaute bénévole de ces lignes le soin de retrouver les textes exacts auxquels je fais référence, dans mon « site internet » de poèmes.
Il est dix heures : cela fait une heure et quart que j’ai entrepris l’écriture de cette page, avec des interruptions , me levant de ma chaise pour aller, par exemple, ouvrir toutes les fenêtres de la maison, afin de l’aérer. En passant par le grenier, m’a émerveillé, comme à chaque fois, la lumière zénithale qui tombe d’une petite partie du toit qui est vitrée – cette lumière zénithale, finalement, c’est un « bonheur », un bonheur à peu de frais ! Je voudrais, un jour, installer un bureau dans cette partie du grenier, à la verticale sous cette lumière, pour essayer d’écrire sous cette lumière qui éclairerait ma feuille de papier (ou mon ordinateur) : il me semble que, sous cette lumière si particulière, qui tombe du ciel (et qui n’a rien à voir avec la lumière que diffusent les fenêtres), je ne pourrais qu’écrire des textes qui seraient en harmonie avec le Cosmos tout entier !
samedi 12 juillet 2008
Samedi 12 Juillet 2008. 9H33
Je renvoie le lecteur de ce blog aux papiers multicolores, coupés et collés de la fin de l'oeuvre de Matisse, à ces feuillages stylisés de 1953, signés simplement "HM 53", qui servirent de support à l'affiche de l'exposition du Palais du Luxembourg. Ces feuillages stylisés, stylisés jusqu'au symbole, qui jaillissent de bas en haut, sont ceux de n'importe quelle plante et de toutes les plantes du monde. Ils ne décrivent rien d'autre que notre paysage intérieur, celui de nos souvenirs.
mercredi 9 juillet 2008
Mercredi 9 Juillet 2008. 19H01
samedi 5 juillet 2008
Samedi 5 Juillet 2008. 9H30
Depuis deux jours, la télévision nous montre Ingrid Bétancourt, enfin libre. Ingrid à Bogota, accueillie par sa mère, au pied de l'avion. Ingrid à Paris, accueillie par le Président de la République, au pied de l'avion... Comme tous les Français, je pleure de joie en la voyant, en l'écoutant. Ce que je trouve de plus beau dans ce qu'elle dit c'est qu'elle "n'a aucune haine pour les FARC", malgré les sévices , humiliations et tortures inhumains qu'elle a pu subir.
Pourtant, malgré la noblesse et l'intelligence des propos d'Ingrid , je ne peux m'empêcher de sourciller lorsqu'elle dit que le combat des FARC est "absurde". Je réprouve tous les actes de violence commis par les FARC : trafic de drogue, enlèvements, séquestrations, sévices, meurtres...Mais je ne peux m'empêcher de penser qu'ils sont mus par un idéal, qui a sa beauté, sa noblesse. Les moyens utilisés sont blâmables, mais il y a un idéal de gauche derrière tout cela, un idéal de gauche pour lequel des hommes de gauche et des femmes de gauche sont, depuis quarante ans , dans la jungle de Colombie, fusil sur l'épaule.
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lundi 30 juin 2008
Mardi 1 Juillet 2008. 6H10
dimanche 29 juin 2008
Lundi 30 Juin 2008.6H22
Dimanche 29 Juin 2008.9H04
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Il y a dans le poème de Kipling , « Si… », une phrase (je cite de mémoire) du genre de celle-ci : « si tu peux supporter d’entendre tes paroles / travesties par des gueux… ». Je pense à cette phrase, quand je pense à la façon caricaturale dont on a résumé mes propos dans le journal local, pendant la campagne électorale, à Romilly. Je plaidais pour « une culture populaire de qualité ». Sans doute m’étais-je mal exprimé : je faisais allusion au fait que les classes populaires n’accèdent pas, le plus souvent, à certaines formes de culture « classique » : musique classique, opéra…Et il me semblait indispensable de les y faire accéder.
* * *
Je pense à la librairie « Majuscule » de Romilly, fermée depuis plusieurs mois. Quelques jours avant sa fermeture, j’étais venu dans cette librairie demander une bouteille d’encre. Je faisais des caprices : exigeant que l’on commande, pour moi et pour moi seul, de l’encre « Montblanc » de couleur noire. Les employés me regardèrent avec une tristesse dans le regard que je ne peux oublier : ils savaient, eux, que leur librairie allait fermer, quelques jours plus tard, ce que je ne savais pas. Ils se gardèrent de me le dire.
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Hier, de part et d’autre de la route : des coquelicots, dont l’aspect éphémère me bouleverse, chaque fois.
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Longtemps, l’échec a été en moi. Depuis, je pressens les gens qui sont ce que j’ai été. C’est souvent un sentiments de culpabilité –dont on ignore la cause-- qui fait que l’on se punit, sans cesse, toute sa vie, par l’échec. Parmi les élèves du collège, certains ont une joie de vivre à toute épreuve et d’autres vivent dans une tristesse abyssale. C’est l’amour des parents qui a manqué aux uns et qui surabonde pour les autres, d’où leur joie. Pour fuir la sensation d’échec, on peut fuir au bout du monde : la sensation d’échec nous suit.
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Le sport n’est pas un moyen de construire l’Europe des Nations, ni même la fraternité entre les peuples : victoire et défaite ne seront jamais les fléaux de la balance de la fraternité.
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Jour de braderie dans la petite ville voisine de ma maison : on se croirait trente ans en arrière : les tee-shirts à l’effigie de Che Guevara, la « bimbeloterie », comme disent les Québécois. Puis, soudain, dans un enclos de quatre planches…trois petits cochons, à l’oreille marquée de je ne sais quel code, sur un disque de plastic, et qui fouillaient la paille fraîche, de leur groin…
vendredi 27 juin 2008
Samedi 28 Juin 2008. 6H28
De la même façon, en tant que poète, je dois être attentif au surgissement incontrôlable, en moi-même, des mots, à une sorte de foisonnement imprévisible, dans le plus joyeux désordre. Or, j'exerce un métier qui implique de mettre en ordre beaucoup de choses, et d'écrire des "Notes de Service" administratives, qui sont tout le contraire du foisonnement, libre et joyeux, du poème !
mercredi 25 juin 2008
Mercredi 25 Juin 2008.19H 35
La plupart des choses que j’ai écrites autrefois, je ne les écrirais plus aujourd’hui : la sensibilité de l’homme s’émousse et se transforme, comme la pierre, sous l’érosion du temps. Ce que nous avons écrit garde trace de ce que nous fûmes : c’est en cela que, telle une pierre précieuse, la poésie est appelée à traverser la nuit des temps : elle scintillera, pour d’autres que nous, dans bien longtemps. Comme un écho sonore se propage, ou une onde, en cercles concentriques, à la surface de l’eau, quelque chose de nos émotions atteindra le cœur du lecteur, de la lectrice, alors même que nous n’y serons plus.
J’en parle à la lumière de ce que j’ai éprouvé, en lisant les poètes, dans mon adolescence, (et plus particulièrement Guillaume Apollinaire, dont je parlerai, ici, plus longuement, un jour), cette découverte du flamboiement des mots… Maintenant que le temps se resserre, pour moi, il n’est plus temps de craindre le jugement de la postérité sur ce que j’ai écrit : je ne referai pas une œuvre tout entière, mais, comme le vieux luthier qui construit encore et toujours son énième violon, en tenant compte de l’expérience que lui ont donnés tous ses violons précédents, je construirai encore, si Dieu me prête vie, quelque machinerie de mots, apte à produire une musique – que quelques-uns, peut-être, sauront entendre…A moins que ces mots ne se perdent, dans l’indifférence générale, dans le world web wide, comme un objet minuscule se perd dans une immensité.
Mercredi 25 Juin 2008.19H 27
Mercredi 25 Juin 2008.19H22
dimanche 22 juin 2008
Dimanche 22 Juin 2008. 16H16
--A quoi sert la richesse d'une nation, si le peuple n'y gouverne pas ?
Dimanche 22 Juin 2008. 13H59
Dimanche 22 Juin 2008. 13H53
samedi 21 juin 2008
Samedi 21 Juin 2008. 17H35
C 'est vrai , par conséquent, que la mélancolie, si elle reste dans des limites raisonnables, comme une souffrance en sourdine, est un "sombre plaisir", : pour ma part, c'est le prisme le plus quotidien au travers duquel je déchiffre la réalité.
Je suis dans ce "sombre plaisir"-là, que je regarde un match de football, à la télé , avec cette excessive liesse des vainqueurs, et cette excessive tristesse des vaincus. Il faut "aimer les jeux", sans jamais oublier que ce ne sont que des "jeux". Dans mon métier de "Personnel de Direction" d'un établissement scolaire , j'observe, chaque jour, avec la plus grande "mélancolie" , l'incroyable violence qui régit les rapports des élèves entre eux, ainsi que les rapports de certains élèves avec l'ensemble des adultes de "la communauté éducative". On n'imagine pas cette violence-là : peut-être, un jour, écrirai-je un livre là-dessus, s'il me reste des forces, s'il me reste une vie après ma vie professionnelle. Parfois, dans mon métier , heureusement, surgit, à l'improviste, une lueur : l'autre jour, je découvre qu'un élève de 5° va apprendre, l'an prochain, le "chinois", par le Centre National d'Enseignement à Distance. Je trouve cela magnifique, de considérer le monde comme un village planétaire, et de vouloir apprendre la langue de nos voisins chinois.
Samedi 21 Juin 2008. 14H59
En regardant tout cela, je me suis demandé si cela me plairait d'être Sénateur moi-même, mais, presque aussitôt, je songeai aux heures qu'il faut passer, assis là, à écouter des discours, alors que je me vois plutôt , dans quelques années, herborisant comme le Jean-Jacques Rousseau des Rêveries du Promeneur Solitaire.
mercredi 18 juin 2008
Mercredi 18 Juin 2008. 16H25
Mercredi 18 Juin 2008. 16H10
mardi 17 juin 2008
Mardi 17 Juin 2008. 20H17
Il s'agit peut-être de renoncer, avant que tout ne s'effondre : Napoléon , avant la campagne de Russie, avant Waterloo, Dom Juan avant que la statue du Commandeur ne vienne lui serrer la main et ne l'entraîne vers les flammes de l'enfer...
dimanche 15 juin 2008
Dimanche 15 Juin 2008. 12H20
J'ai conçu pour Jean-Luc Mélenchon une grande admiration, depuis le temps où il était Ministre chargé de l'Enseignement Professionnel, et moi, Proviseur d'un Lycée Professionnel Industriel.
mercredi 11 juin 2008
Mercredi 11 Juin 2008. 18H48
Tout au contraire, j'irai vers toujours plus de dépouillement, partant à la recherche du reflet doré de la lune à la surface de l'étang, jusqu'à ce que , me penchant, moi aussi, depuis ma barque, pour cueillir , moi aussi, ce reflet, comme fit, autrefois, le poète chinois, je finisse , tout comme lui, par basculer dans l'eau de cet étang.
samedi 7 juin 2008
Dimanche 8 Juin 2008. 7H55
J'ai écrit également, et publié, hier, 7 Juin 2008, sur mon site "politique", Dépositaires de l'Espérance, un texte intitulé "Perplexité"(1), que je juge important, et auquel je renvoie le lecteur, la lectrice de ce blog.
dimanche 1 juin 2008
Dimanche 1 Juin 2008. 8H46
Neuf heures sonnent, au clocher de l’église :
« Le temps s’en va, le temps s’en va, Madame
Las ! Le temps, non, mais nous nous en allons… »
Un bœuf meugle, quelque part. D’autres lui répondent. Il y a comme un vent de révolte, ce matin, parmi le bétail, d’habitude paisible, dans les prés voisins. Quelle que soit la banalité de chacune de nos journées, elle a son unicité : nous voyageons sur l’aile du temps : comme le jardin, qui traverse les saisons de l’année : chaque fleur y attend son heure d’apothéose et de déclin : l’heure des tulipes, l’heure des pivoines, l’heure des lys…Comme nous traversons les saisons de notre vie, en attendant, nous aussi, notre heure d’apothéose et de déclin, en oubliant, le plus souvent, qu’il est « plus tard que nous ne le pensons. ». Impassible, la vigne vierge envahit le mur, côté jardin, comme chaque année : ce ne sont pas les mêmes feuilles, mais le même pied de vigne, qui chaque année, part à la reconquête de son espace, en grimpant jusque sous le toit, en attendant la torpeur de l’été, à quoi succédera l’automne, qui fera flamboyer les feuilles, et le vent d’hiver, qui les emportera, faisant se succéder, d’un même souffle, l’apothéose et le déclin.
Dans le pré qui jouxte mon jardin, il y a de jeunes bœufs, au pelage brun, uni, qui broutent innocemment, sans savoir qu’ils sont condamnés à l’abattoir. Je les regardais, depuis l’espèce de tonnelle avec de petites colonnades blanches, dans le style hellénisant, que mon lointain prédécesseur, dans cette maison, un Anglais, avait construit, sans doute, de ses propres mains : j’ai retrouvé des moules, pouvant servir à cela, dans la cave. Dans les archives de la maison, au fond d’un placard, il y avait, aussi, d’anciennes demandes de permis de construire de ce propriétaire anglais : l’adresse postale, à laquelle la préfecture du département français où je me trouve, lui répondait, m’a fait sourire : en guise de nom de rue, avant le nom du village, simplement ce mot anglais : « Riverside », « bord de la rivière ».
J’ai accroché, dans l’escalier qui mène au premier étage de ma maison, la reproduction d’un tableau d’Emile FRIANT (1863-1932). L’original de ce tableau, Les Amoureux (1888), une huile sur toile (110, 145 cm), se trouve au Musée des Beaux-Arts de Nancy (Meurthe-et-Moselle). Dans ce tableau, deux amoureux, au premier plan, peints de dos, accoudés au parapet métallique d’un pont qui surplombe une rivière, que l’on voit dans l’arrière-plan du tableau, ainsi qu’un autre pont , de pierre, celui-là, dialoguent silencieusement, par la seule force de leur regard.