mercredi 3 septembre 2008

Mercredi 3 Septembre 2008. 16H26

Pour un apprenti écrivain d'aujourd'hui, qui se pique d'écrire, il faudrait faire l'analyse et la dissection de phrases comme celle-là : "Auprès des guinguettes furent plantés des acacias, ombrages des pauvres comme l'eau de Seltz est le vin de Champagne des gueux." (Mémoires d'Outre-Tombe, Classiques de Poche, IV, Livre trente-sixième, chapitre I, p. 209).
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Et puis il y a cette fulgurance : "Matière de songes est partout" (p.223, op.cit.).
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Et encore cela : "Le 19 Mai, à midi, j'avais quitté Ulm. A Dillingen les chevaux manquèrent. Je demeurai une heure dans la grande rue, ayant pour récréation la vue d'un nid de cigognes planté sur une cheminée comme sur un minaret d'Athènes ; une multitude de moineaux avaient fait insolemment leurs nids dans la couche de la paisible reine au long cou. Au-dessous de la cigogne, une dame, logée au premier étage, regardait les passants à l'ombre d'une jalousie demi-relevée ; au-dessous de la dame était un saint de bois dans une niche. Le saint sera précipité de la niche sur le pavé, la femme de sa fenêtre dans la tombe : et la cigogne ? elle s'envolera : ainsi finiront les trois étages." (p. 226 et 227, op.cit.)
Ainsi parlait François-René en 1833, quinze ans avant sa mort en 1848. Et moi-même, qui recopie méticuleusement ces phrases de Chateaubriand, en ce 3 Septembre 2008 , comment finirai-je ? Et vous, qui me lisez ?
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Et puis cette extraordinaire mise en perspective historique : "En 1793, la République enleva de l'église de Blenheim les guidons arrachés à la monarchie en 1704 : elle vengeait le royaume et immolait le roi : elle abattait la tête de Louis XVI, mais elle ne permettait qu'à la France de déchirer le drapeau blanc." (p. 227, op. cit.)

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