jeudi 31 juillet 2008

Jeudi 31 Juillet 2008. 22H13

"Je me demandais si je voyais un portrait de la candeur ou de la volupté". C'est ainsi que Chateaubriand évoque sa première rencontre avec Madame Récamier. (Mémoires d'Outre-Tombe, III, p.579, op.cit).
Tout est dans ce balancement entre la pureté virginale, monacale, ( "la candeur") et son contraire, un abîme ouvert à la fièvre des sens ("la volupté"). Ce balancement dans l'esprit de Chateaubriand crée le vertige et explique quarante ans de fascination.
Plusieurs occurrences renvoient au champ lexical de la pureté : "vêtue d'une robe blanche ; elle s'assit au milieu d'un sofa de soie bleue;" Le blanc et le bleu sont les couleurs de la Vierge. "Je crois que je priai le ciel de vieillir cet ange, de lui retirer un peu de sa divinité."
Cependant, le souci est clairement exprimé que ce rêve évellé de la rencontre devienne une réalité ("j'aimais la réalité plus que le songe"), afin que l'image pure, quasi dématérialisée, ce "portrait de la candeur", prenne corps, s'ancre dans le réel, dans le monde des sens, et aboutisse enfin à "la volupté" : "je lui ôtais des charmes pour la rapprocher de moi".

mercredi 30 juillet 2008

Mercredi 30 Juillet 2008. 12H40

Chaque bonheur, chaque volupté se paient. Rien ne nous est donné, jamais, sans contrepartie. Quand vous êtes malheureux, demandez-vous : "quelle erreur ai-je faite ?" --Peut-être seulement celle d'avoir accepté d'être heureux.

Mercredi 30 Juillet 2008. 9H44

On lit, dans les "Fragments retranchés" du Volume III des Mémoires d'Outre-Tombe (Classiques de Poche, op.cit.), un texte (p.578, sqq) qui aurait dû constituer le livre dixième de la Troisième Partie. Il se serait intitulé : "Madame Récamier". Il est daté de "Paris, 1839".
Plus que jamais, il faut lire entre les lignes : "Madame Récamier sortit et je ne la revis que douze ans après." (p. 579, op. cit.)
J'apprécie l'art du non-dit, de l'euphémisme et de la litote : comment arriver à dire de la manière la plus forte possible des sentiments extrêmes, sans violer le code des convenances, sans rien révéler de précis ? Par cette phrase, sans doute , qui ouvre la paragraphe qui suit la phrase que je viens de citer et qui s'achève par deux beaux oxymores : "Douze ans ! Quelle puissance ennemie coupe et gaspille ainsi nos jours, les prodigue ironiquement à toutes les indifférences appelées attachements, à toutes les misères surnommées félicités." (p. 579, op. cit.).
Lisant cela, on songe à l'accent des alexandrins de la tragédie racinienne :
"Que le jour recommence et que le jour finisse
Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice" (Racine , Bérénice).

Mardi 29 Juillet 2008. 21H55

"Et toi, rien que toi, jamais d'autre que toi." Je crois que c'est le poète Robert Desnos qui a écrit cela. A trop lire la poésie, on devient tributaires de la façon d'aimer des poètes. Mais voilà : faut-il croire les poètes ?
--Quand l'amour meurt, lui succède son simulacre, qui ressemble autant à l'amour qu'un épouvantail ressemble à un être humain.

lundi 28 juillet 2008

Dimanche 27 Juillet 2008. 19H55

Il y a une musique qui contient ma vie entière, passé, présent, avenir : en elle, ma vie s'épanouit tout entière et passe de la tristesse à l'allégresse, de l'immobilité à la danse, dans un mouvement qui ne va que crescendo et qui ne peut cesser qu'avec la dernière note : "Quintette en fa mineur, opus 34" de Johannes Brahms.

dimanche 27 juillet 2008

Dimanche 27 Juillet 2008. 9H35

Dans ma maison, en Lorraine.

Songé, hier, à cette idée simple que je livre à mon lecteur, ma lectrice bénévoles : en littérature, on pourrait distinguer les « transhumants des siècles », les « enjambeurs des siècles » (Chateaubriand : 1768-1848) et ceux qui ont les deux pieds dans le même siècle (Hugo : 1802-1885). Mais, pour ce qui concerne Chateaubriand et Hugo, tous deux ont été les témoins de mutations considérables de la France : de la Monarchie à la Restauration, en passant par l’Empire, pour Chateaubriand, de l’Empire à la République en passant par le Second Empire, pour Hugo. Le parallèle entre ces deux écrivains pourrait être développé : n’est-ce pas le jeune Hugo qui disait : « je serai Chateaubriand, ou rien ». ?

Avant de quitter Romilly-Sur-Seine, j’achetai, avant-hier, des tuteurs et du fil pour « mon jardin zen » (quatre pots de lavande posés sur le goudron de la cour minuscule qui m’a été attribuée, au titre de « l’appartement de fonction ». *** me dit : « tu vas enlever ça, (les tuteurs et le fil), c’est ridicule ! ». Je lui répondis : « mon père disait à ma mère, avec une tendre ironie, lorsqu’elle se mêlait d’improviser des travaux de jardin : « c’est ton jardin polonais ». Eh bien, ces quatre pots de lavande sont mon jardin polonais ! »

Parti, hier, de Romilly-Sur-Seine, avec A. et ***, passé à la gare de Nancy pour déposer ***, puis dans la banlieue de Nancy pour boire une tasse de thé « Lipton », avec une rondelle de citron, chez ma mère, j’arrive ici vers 19H30. Ici, derrière ma maison, en Lorraine, ce n’est pas le goudron d’une cour qui m’attend, mais un jardin en friche, avec une herbe tellement haute qu’il faudrait une débroussailleuse performante (que je n’ai pas), pour en venir à bout. La maison possède, sur le devant, côté rue, une petite terrasse cimentée : le ciment s’est fissuré, par endroits, et les herbes sauvages y poussent, avec la complicité de l’eau qui coule du chéneau d’une minuscule véranda, par une gouttière qui pend, étrangement, dans le vide:

J’improvisai un repas, pour A. et moi. Quand la nuit descendit sur le village, je me rendis compte, seul, dans ma chambre, au premier étage, qu’à force de vivre quotidiennement dans une ville, j’avais désappris l’obscurité et le silence absolus d’une nuit sans lune, à la campagne.

Après une nuit difficile (le lit de fortune, sur lequel je dors dans cette maison est d’un inconfort absolu, et mes apnées du sommeil ont dû être nombreuses), je lis, ce matin, dans les Mémoires d’Outre-Tombe (Classiques de Poche, III, p. 456, op. cit.), cette phrase d’une force inouïe : « La presse est un élément jadis ignoré, une force autrefois inconnue, introduite maintenant dans le monde ; c’est la parole à l’état de foudre ; c’est l’électricité sociale ». Ne pourrait-on remplacer, aujourd’hui, le mot « presse », par le mot « internet » ?

Au-delà de ce que dit le texte de Chateaubriand, sur le plan historique, philosophique, artistique, religieux, il faut lire, en filigrane, le non-dit, tout ce qui se rapporte à sa vie privée Au-delà de son souci de construire une œuvre, ou d’agir sur le monde par la politique, le fil conducteur de sa vie est, en réalité, la vie affective. C’est exactement cela que tous ceux à qui je parle de mon admiration pour Chateaubriand et qui me regardent avec de grands yeux étonnés, n’ont jamais su voir. Je renvoie mon lecteur, ma lectrice bénévoles aux pages suivantes de cette édition des Classiques de Poche, Tome III : page 394, note 1, comme page 432, note 1, ou encore page 455, passim….Je ne saurais rédiger un « reader’s digest » de tout cela : il me semble que mon lecteur, ma lectrice ne peuvent faire l’économie de l’effort de lire cela dans le texte, et dans les notes précieuses, en bas de page, de Jean-Claude Berchet.

Vendredi 25 Juillet 2008. 14H32

« Professeur de français » fut mon premier métier, je l’ai exercé pendant quinze ans : ayant passé ma Licence de Lettres Modernes en Juin 1972, je me trouvai Maître-Auxiliaire, dans l’Education Nationale, en octobre 1973, j’avais vingt-cinq ans et mes élèves de seconde d’un lycée classique de Luxueil-les-Bains (Haute-Saône, France) avaient dix ans de moins que moi. Je me souviens de cette émotion du premier jour, de la première fois, quand on met le pied sur l’estrade et qu’une trentaine d’adolescents vous regardent, attendant quelque chose de vous…

Je venais d’achever les cours de Licence de Lettres Modernes de l’Université de Besançon (Doubs, France), où j’avais eu, pour professeurs, Michel Appel-Muller, spécialiste d’Aragon et d’Elsa Triolet, mon amie regrettée Eve Malleret, qui est sans aucun doute, encore aujourd’hui, la meilleure traductrice en français de l’œuvre de la poétesse russe Marina Tsvétaïeva, Paul Sadrin, qui m’a appris à lire Jean-Jacques Rousseau, Anne Ubersfeld, qui m’a appris à lire le théâtre de Racine, et, pour condisciples, les poètes Alex Abouladzé, décédé depuis, Alain Jean André, Pierre Perrin….C’est aussi à Besançon (où j’habitais rue Colsenet) que je fis la connaissance de mon regretté ami l’écrivain Jean-Serge Berg, alors jeune professeur de mathématiques remplaçant.

Le recensement de ses amis passés, quand on atteint un âge que d’autres, hélas, n’ont pas atteint, devient une « leçon de ténèbres ». Je parlerai peut-être un jour, longuement, de toutes ces personnes peu banales, et qui ont laissé une grande empreinte dans ma vie, dans un ouvrage autobiographique, si Dieu me prête vie, si le courage ne me manque pas…

En attendant, quand je lis les quatre pages (Classiques de Poche, III, p.414 à p.418, op.cit.) auxquelles Chateaubriand, dans ses Mémoires d’Outre-Tombe a donné pour titre « Promenades », je me dis que cela peut, en vérité, se lire comme une formidable leçon de français, une leçon d’écriture.

mercredi 23 juillet 2008

Mercredi 23 Juillet 2008. 18H08.

Dans les Mémoires d'Outre-Tombe (III, p. 410, op. cit.), je lis cette phrase, qui est de nature à me consoler de mon échec aux Elections Municipales de Romilly-Sur-Seine, en Mars 2008 : "Nonobstant ces exemples et mille autres, le talent littéraire, bien évidemment le premier de tous parce qu'il n'exclut aucune autre faculté, sera toujours dans ce pays un obstacle au succès politique : à quoi bon en effet une haute intelligence ? Cela ne sert à quoi que ce soit."

mardi 22 juillet 2008

Mardi 22 Juillet 2008. 15H42

Je voudrais simplement qu'une de mes paroles apporte, un jour, de l'espoir à quelqu'un.

dimanche 20 juillet 2008

Dimanche 20 Juillet 2008. 15H30

On parle bien peu de la souffrance psychique. Dans certaines circonstances, le cerveau humain est le pire ennemi de l'être humain. Je pense souvent à cette seconde où le peintre Nicolas De Staël s'est jeté du haut des remparts d'Antibes. Son génie ne lui a pas servi de garde-fou. La souffrance psychique est telle, par moments, que rien ne suffit plus, sauf l'irréparable.

samedi 19 juillet 2008

Samedi 19 Juillet 2008. 14H44

Je songe à la tombe de Chateaubriand, sur le Grand Bé, un ilôt au milieu de la rade de Saint-Malo. A marée basse, les touristes s'y rendent, en procession, à pied, et s'agglutinent devant la tombe austère, surmontée d'une très belle phrase --que j'ai oubliée. J'y ai même vu des touristes irrévérencieux boire, en ricanant, des canettes de bière, devant la tombe. Mais il faut voir, à marée haute, et au soleil couchant, cette même tombe. Là, elle est devenue inaccessible au commun des mortels, et cette image me semble, avec le recul du temps, une excellente métaphore du destin de l'écrivain : durant sa vie, il est au milieu des hommes, puis, au moment de sa mort , il est devenu l'objet lointain et inaccessible de leurs regards. A cette différence près que la tombe de Chateaubriand, à marée basse, redevient accessible, à nouveau, comme si l'auteur renaissait à la vie, au milieu des hommes, passant, sans cesse, de la vie à la mort, au rythme des marées , dans une alternance, sans cesse renouvelée, de morts et de résurrections perpétuels.
*
Comme un chanoine lit son missel , je lis les Mémoires d'Outre-Tombe, à petites doses, un peu chaque jour, paragraphe par paragraphe . Ainsi, ce matin : "Je me reconnais effrontément l'aptitude aux choses positives, sans me faire la moindre illusion sur l'obstacle qui s'oppose en moi à ma réussite complète. Cet obstacle ne vient pas de la muse ; il naît de mon indifférence de tout. Avec ce défaut, il est impossible d'arriver à rien d'achevé dans la vie pratique". (III, p. 407, op. cit.)

vendredi 18 juillet 2008

Samedi 19 Juillet 2008. 8H26

Lorsque je relis , dans les Mémoires d'Outre-Tombe (p. 393, op. cit.), cette phrase : "A la villa Médicis, dont les jardins sont déjà une parure et où j'ai reçu la grande-duchesse Hélène, l'encadrement du tableau est magnifique : d'un côté la villa Borghèse avec la maison de Raphaël ; de l'autre la villa de Monte-Mario et les coteaux qui bordent le Tibre ; au-dessous du spectateur, Rome entière comme un vieux nid d'aigle abandonné.", je me dis que ma villa Médicis, à moi, c'est une vieille maison des années trente, et mes jardins de la villa de Médicis, à moi, qui "sont déjà une parure" , c'est quatre pots de lavande, sur le goudron d'une cour.
En poursuivant ma lecture, quelques pages plus loin, je me dis qu'au-delà du filigrane historique, au-delà de cette trame que constitue l'ambassade à Rome de François-René de Chateaubriand, qui dura sept mois qui lui permit, à son arrivée à Rome, en Octobre 1828, de rencontrer le Pape Léon XII (p.253, op. cit.), d'être témoin de sa mort le 18 Février 1829 (p. 336, op. cit.) d'être témoin de l'élection de son successeur, le Pape Pie VIII, le 31 Mars 1829 (p. 376, op. cit.), de la nomination du cardinal Albani et tant que Secrétaire d'Etat (p. 378, op. cit.), d'être reçu par Pie VIII, dans le cadre d'une audience particulière, le 29 Avril 1829 (p. 399, op.cit.), il n'en reste pas moins que l'essentiel de ce qui fait la beauté des Mémoires d'Outre-Tombe se trouve dans cette phrase qui termine le chapitre intitulé "Pie VII" (pages 400 et 401, op. cit.) : "Ma fidélité à la mémoire de mes anciens amis doit donner confiance aux amis qui me restent : rien ne descend pour moi dans la tombe ; tout ce que j'ai connu vit autour de moi : selon la doctrine indienne, la mort, en nous touchant, ne nous détruit pas ; elle nous rend seulement invisibles."

Vendredi 18 Juillet 2008. 18H09

Je viens de lire deux pages des Mémoires d'Outre-Tombe de Chateaubriand, qui m'ont mis le coeur en joie. Après des dizaines de pages d'un ennui extraordinaire (l'élection d'un nouveau Pape, à Rome, en 1829), qui m'ont fait penser à ce Benoît XVI, qui discourt, ces jours-ci, en Australie, devant des milliers de Jeunes, (aux JMJ), et qui m'ont fait bâiller à m'en décrocher la mâchoire , voici du grand art : "Fête à la villa Médicis pour la grande-duchesse Hélène", pages 392 à 394 des Mémoires d'Outre Tombe, Tome III, Livre trentième, Chapitre 7, (éditions Classiques de Poche, 05-2002). Je voudrais tout citer, de la première à la dernière ligne de ce texte dont les premiers mots sont : "J'avais donné des bals..." et les derniers mots sont "mes premiers jours". Courez, ami lecteur, si m'en croyez , à la librairie , et lisez ce texte, même si vous n'achetez pas le livre !

jeudi 17 juillet 2008

Jeudi 17 Juillet 2008. 21H48

Bilan de ma journée : quelques heures, devant l'ordinateur... Acheté, chez "Lidl", quatre pots de lavande, les ai déposés de part et d'autre de l'escalier de six marches qui mène, depuis mon appartement de fonction, à la cour du Collège : c'est mon jardin zen. Moi qui suis cloué à l'ordinateur, comme le papillon, piqué par une épingle, sur une planche entomologique, il ne me reste, pour rêver du Sud, que ces quatre pots de lavande qui n'ont d'odeur que celle de leur feuillage, lorsqu'on le roule entre les doigts.

Jeudi 17 Juillet 2008. 9H51

Romilly-Sur-Seine (Aube, Champagne-Ardennes). Dans mon appartement de fonction.
Dans l'appartement de fonction du collège où je suis logé par "nécessité absolue de service", tandis que tous , élèves, professeurs, personnels sont en vacances, je travaille pour le Collège, chaque jour, depuis une dizaine de jours, sur un ordinateur. Je construis l'emploi du temps des professeurs et des élèves pour l'année scolaire 2008-2009.
Or, pour réussir cet exercice, il me manque, parmi toutes les facultés intellectuelles humaines, celles que le Conseiller d'Orientation Psychologue du Collège nomme les "facultés hypothético-déductives". Si bien que le travail que je suis en train d'accomplir m'est très difficile, j'avance avec une lenteur extrême, dessinant des schémas sur le papier pour me représenter graphiquement à moi-même ce que je suis en train de faire...Tout cela me semble un puzzle géant , avec des centaines de pièces (j'ai horreur des puzzles), ou, plus exactement, cela me semble ce genre de puzzle, pour enfant en bas âge, enfermé dans un quadrilatère de plastique, où une pièce manquante permet le déplacement des pièces, pour reconstituer la bonne image. C'est un peu la même chose que je suis en train de faire : le bon emploi du temps est celui qui conciliera les intérêts des élèves et des professeurs.
J'ai vu des Chefs d'Etablissement qui adoraient cet exercice : l'un d'entre eux construisait l'emploi du temps, au mur, à l'aide de fiches cartonnées multicolores qu'il mettait dans un panneau métallique destiné à recevoir ces fiches. Il faisait cela avec la vélocité et l'enthousiame du toréador qui plante des banderilles, se reculant de quelques mètres pour avoir une vue d'ensemble du tableau qu'il était en train de construire, puis s'élançant et glissant d'un air triomphal des fiches de couleur, au bon endroit. Je le regardais faire, sans tout comprendre de ce qu'il faisait. Maintenant, je suis à pied d'oeuvre, seul, devant l'ordinateur et je comble les trous dans les grilles horaires, cherchant, à l'infini, la combinaison qui pourra satisfaire tout le monde !

mercredi 16 juillet 2008

Mercredi 16 Juillet 2008. 11H15

Romilly-Sur-Seine (Aube, Champagne-Ardennes).

J'ai été tellement souvent emphatique, dans ma vie, mais emphatique dans le sens d'une emphase creuse , comme une énorme bulle de savon, qui ne contiendrait que de l'air, que j'aspire, à présent, à un autre langage, dense et dépouillé, d'une concision extrême, allant droit à l'essentiel.

dimanche 13 juillet 2008

Dimanche 13 Juillet 2008. 8H45

Dans ma maison, en Lorraine.

Hier, je suis parti, avec mon fils Alexandre, de Romilly-Sur-Seine, pour aller voir ma mère, dans la banlieue de Nancy (Meurthe-et-Moselle), puis je suis arrivé dans ma maison lorraine vers dix neuf-heures. Nous avons relié le très récent et minuscule « eeePC », connecté à Internet grâce à SFR, à un écran d’ordinateur, vieux de quinze ans et beaucoup plus volumineux : ça a marché !

Puis, vers vingt heures, nous sommes allés manger un « kebab », dans la petite ville voisine. Le patron du « kebab » est un ancien élève du Lycée dont j’étais Proviseur, il y a dix ans. En ce temps-là, il préparait un C.A.P. de Maçonnerie, et j’étais « son » Proviseur…Dans le « kebab », il y avait foule : des gens de milieux modestes, essentiellement. Au retour du « kebab », j’ai arrêté la voiture pour photographier, à l’aide du téléphone portable, le soleil couchant.

Hier soir, avant de m’endormir, j’ai lu quelques lignes d’une petite anthologie que je viens d’acheter : « 1, 2, 3…bonheur ! Le bonheur en littérature » (collection Folio 2 Euros, N° 4442, imprimé le 22 Novembre 2007).

Ce matin : le tour du jardin, sous le ciel gris, une tasse de café à la main. Par endroits, les herbes et les feuillages constituent une petite jungle sauvage, trempée de rosée. J’aimerais être féru de botanique et pouvoir nommer chacune des herbes sauvages qui constituent « l’éco-système » de mon jardin ! Près du vieux puits, la lavande a encore grandi, le vieux pommier va donner, cette année, contrairement à l’année dernière, des myriades de pommes. En revanche, les roses et les lys orangés ont défleuri, à mon grand dam !

Au retour, dans ma chambre, (qui est à la fois ma chambre et mon « bureau » et où me parvient, comme un petit miracle, malgré l’air humide, par instants, l’odeur des troènes en fleurs) je lis, à nouveau, quelques lignes du livre que je viens d’acheter. Il y a, là dedans, un texte assez tonique de Jean Giono, intitulé « La chasse au bonheur ». On peut y lire les lignes suivantes : « Il y a un compagnon avec lequel on est tout le temps, c’est soi-même : il faut s’arranger pour que ce soit un compagnon aimable. » (p.16, op.cit.). En lisant cette phrase, je me suis dit que j’avais vécu, pendant des années, dans un constant désamour de moi-même, et que cela a été la cause majeure de mon « malheur », ou du moins de la sensation subjective de ce que je croyais être mon « malheur », malgré toutes les raisons objectives d’être heureux que je pouvais avoir.

Il y a une autre phrase, un peu plus loin dans le même texte, que je voudrais encore citer : « A mesure que l’habitude du bonheur s’installe, un monde nouveau s’offre à la découverte, qui jamais ne déçoit, qui jamais ne repousse, dans lequel il suffit parfois d’un millimètre ou d’un milligramme pour que la joie éclate. » (p. 19, op.cit.). Cette phrase m’a fait penser à deux textes que j’ai écrits naguère, et que je cite de mémoire : « Avez-vous déjà ressenti le bonheur par mégarde… » et le texte qui se termine par « On pourrait continuer de vivre. On pourrait ». Je laisse à l’internaute bénévole de ces lignes le soin de retrouver les textes exacts auxquels je fais référence, dans mon « site internet » de poèmes.

Il est dix heures : cela fait une heure et quart que j’ai entrepris l’écriture de cette page, avec des interruptions , me levant de ma chaise pour aller, par exemple, ouvrir toutes les fenêtres de la maison, afin de l’aérer. En passant par le grenier, m’a émerveillé, comme à chaque fois, la lumière zénithale qui tombe d’une petite partie du toit qui est vitrée – cette lumière zénithale, finalement, c’est un « bonheur », un bonheur à peu de frais ! Je voudrais, un jour, installer un bureau dans cette partie du grenier, à la verticale sous cette lumière, pour essayer d’écrire sous cette lumière qui éclairerait ma feuille de papier (ou mon ordinateur) : il me semble que, sous cette lumière si particulière, qui tombe du ciel (et qui n’a rien à voir avec la lumière que diffusent les fenêtres), je ne pourrais qu’écrire des textes qui seraient en harmonie avec le Cosmos tout entier !

samedi 12 juillet 2008

Samedi 12 Juillet 2008. 9H33

Cela va sembler bien immodeste : je voudrais que l'on puisse dire , un jour, que mon écriture a suivi la même trajectoire que celle de l'oeuvre d'Henri Matisse. Quand je pense à ce que j'écrivais il y a trente ans , à un recueil comme Dialogue sans espoir, qui me semble aujourd'hui, à la relecture, une interminable guimauve, et que je le compare à mes deux derniers recueils , Le ciel est couleur d'encre, Force de la douceur, qui n'ont jamais eu, comme lieu de publication, que le World Wide Web, c'est à dire qu'ils sont nulle part et partout, je me dis qu'il y a peut-être, la même trajectoire entre ces recueils "de jeunesse", et ceux d'aujourd'hui, qu'entre les toiles de jeunesse de Matisse, et celles de la fin, qu'une exposition en Juillet 2005 rassembla au Musée du Luxembourg, à Paris, sous le titre "Une seconde vie" , sans oublier les vitraux de la chapelle de Vence.
Je renvoie le lecteur de ce blog aux papiers multicolores, coupés et collés de la fin de l'oeuvre de Matisse, à ces feuillages stylisés de 1953, signés simplement "HM 53", qui servirent de support à l'affiche de l'exposition du Palais du Luxembourg. Ces feuillages stylisés, stylisés jusqu'au symbole, qui jaillissent de bas en haut, sont ceux de n'importe quelle plante et de toutes les plantes du monde. Ils ne décrivent rien d'autre que notre paysage intérieur, celui de nos souvenirs.

mercredi 9 juillet 2008

Mercredi 9 Juillet 2008. 19H01

L'un de mes derniers poèmes (voir, dans mon site internet de poèmes, le recueil écrit "en ligne", jour après jour, ces jours-ci : Force de la Douceur ) ne comporte que cinq mots. Il y a là, dans cet amoindrissement éperdu du volume du poème, une quête du dépouillement absolu, comme le peintre japonais, du bout de son roseau trempé dans l'encre de Chine, s'efforce de résumer tout un paysage, en un seul trait. Le "poème ultime", lui, pourrait, au bout du compte, n'être composé que d'un mot, un seul mot. Oui, mais lequel ?

samedi 5 juillet 2008

Samedi 5 Juillet 2008. 9H30

Dans ma rue, à Romilly-Sur-Seine, à sept heures du matin, tandis que je parle à mon voisin, qui m'explique son amertume de partir en retraite "avec une toute petite retraite", quelqu'un, que je ne connais pas et qui me connaît, suite à la campagne électorale de Mars 2008, nous aborde. Il me dit qu'il voudrait discuter de politique avec moi : il me dit être "homme de gauche" et faire partie d'un "groupe de quinze personnes", à Romilly... Puis , comme je me propose de lui résumer en une phrase ma position politique à l'égard de ce "groupe de quinze personnes" (à savoir qu' il est inutile de créer un nouveau parti de gauche, mais qu'il faut fédérer les partis politiques de gauche existants pour reconquérir le pouvoir), il m'empêche de m'exprimer et se met, lui, à s'exprimer longuement , en commençant par cette phrase : "la victoire de Sarkozy n'est pas politique, mais culturelle..."

Depuis deux jours, la télévision nous montre Ingrid Bétancourt, enfin libre. Ingrid à Bogota, accueillie par sa mère, au pied de l'avion. Ingrid à Paris, accueillie par le Président de la République, au pied de l'avion... Comme tous les Français, je pleure de joie en la voyant, en l'écoutant. Ce que je trouve de plus beau dans ce qu'elle dit c'est qu'elle "n'a aucune haine pour les FARC", malgré les sévices , humiliations et tortures inhumains qu'elle a pu subir.

Pourtant, malgré la noblesse et l'intelligence des propos d'Ingrid , je ne peux m'empêcher de sourciller lorsqu'elle dit que le combat des FARC est "absurde". Je réprouve tous les actes de violence commis par les FARC : trafic de drogue, enlèvements, séquestrations, sévices, meurtres...Mais je ne peux m'empêcher de penser qu'ils sont mus par un idéal, qui a sa beauté, sa noblesse. Les moyens utilisés sont blâmables, mais il y a un idéal de gauche derrière tout cela, un idéal de gauche pour lequel des hommes de gauche et des femmes de gauche sont, depuis quarante ans , dans la jungle de Colombie, fusil sur l'épaule.
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