samedi 19 juillet 2008

Samedi 19 Juillet 2008. 14H44

Je songe à la tombe de Chateaubriand, sur le Grand Bé, un ilôt au milieu de la rade de Saint-Malo. A marée basse, les touristes s'y rendent, en procession, à pied, et s'agglutinent devant la tombe austère, surmontée d'une très belle phrase --que j'ai oubliée. J'y ai même vu des touristes irrévérencieux boire, en ricanant, des canettes de bière, devant la tombe. Mais il faut voir, à marée haute, et au soleil couchant, cette même tombe. Là, elle est devenue inaccessible au commun des mortels, et cette image me semble, avec le recul du temps, une excellente métaphore du destin de l'écrivain : durant sa vie, il est au milieu des hommes, puis, au moment de sa mort , il est devenu l'objet lointain et inaccessible de leurs regards. A cette différence près que la tombe de Chateaubriand, à marée basse, redevient accessible, à nouveau, comme si l'auteur renaissait à la vie, au milieu des hommes, passant, sans cesse, de la vie à la mort, au rythme des marées , dans une alternance, sans cesse renouvelée, de morts et de résurrections perpétuels.
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Comme un chanoine lit son missel , je lis les Mémoires d'Outre-Tombe, à petites doses, un peu chaque jour, paragraphe par paragraphe . Ainsi, ce matin : "Je me reconnais effrontément l'aptitude aux choses positives, sans me faire la moindre illusion sur l'obstacle qui s'oppose en moi à ma réussite complète. Cet obstacle ne vient pas de la muse ; il naît de mon indifférence de tout. Avec ce défaut, il est impossible d'arriver à rien d'achevé dans la vie pratique". (III, p. 407, op. cit.)

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