Lu, hier, avec beaucoup d'admiration, les pages 165 à 172 du volume IV des Mémoires d'Outre-Tombe (Classiques de Poche). Chateaubriand a 64 ans : c'est un (presque) déjà vieux monsieur qui écrit comme un jeune homme. Ecrivain consacré (nous sommes en 1832), il n'a plus rien à prouver, ni à se prouver, il n'a plus qu'à exprimer son appétit de vivre, comme un feu mal éteint. Et cela donne ces éclats de lumière que donne la braise d'un feu de cheminée qui ne veut pas s'éteindre et qui luit dans le noir : "Le paysage n'est créé que par le soleil ; c'est la lumière qui fait le paysage" (p.165, op. cit.). "Faites-moi aimer, et vous verrez qu'un pommier isolé, battu du vent, jeté de travers au milieu des froments de la Beauce [...] toutes ces petites choses, rattachées à quelques souvenirs, s'enchanteront des mystères de mon bonheur ou de la tristesse de mes regrets." (p.167, op. cit.).
C'est, évidemment, un homme ardemment amoureux qui écrit ces lignes. A son arrivée au bord du lac de Constance, il feint une coïncidence : tandis qu'il attendait Madame de Chateaubriand, "Madame Récamier était arrivée depuis deux jours pour faire une visite à la reine de Hollande" (p.171, op. cit.). Par une extraordinaire coïncidence , elle descend dans la même auberge ! "Dans la ville délabrée de Constance, notre auberge était fort gaie [...] Madame Récamier voulut se mettre à l'abri de la joie de nos hôtes : nous nous embarquâmes sur le lac..." Après une petite traversée, ils abordent à la "grève d'un parc" où, au terme d'une promenade en tête-à-tête, Chateaubriand écrit sur les "tablettes" de Madame Récamier :"Que mes jours expirent à vos pieds, comme ces vagues dont vous aimez le murmure." (p.172, op. cit.).
Au retour de cette promenade, ils rencontrent (p. 172, op. cit.) la reine de Hollande et son fils, le futur Napoléon III, alors âgé de 24 ans, dont Chateaubriand qui mourra en 1848, ne verra pas l'avènement. Mais c'est comme si la suite de l'Histoire de France, l'Histoire de France d'au-delà de sa propre vie, venait à sa rencontre, là, sur les rives du lac de Constance, et je ne peux m'empêcher de penser que Chateaubriand avait, en son for intérieur, la prescience de qu'allait devenir le jeune "Louis-Napoléon".
C'est, évidemment, un homme ardemment amoureux qui écrit ces lignes. A son arrivée au bord du lac de Constance, il feint une coïncidence : tandis qu'il attendait Madame de Chateaubriand, "Madame Récamier était arrivée depuis deux jours pour faire une visite à la reine de Hollande" (p.171, op. cit.). Par une extraordinaire coïncidence , elle descend dans la même auberge ! "Dans la ville délabrée de Constance, notre auberge était fort gaie [...] Madame Récamier voulut se mettre à l'abri de la joie de nos hôtes : nous nous embarquâmes sur le lac..." Après une petite traversée, ils abordent à la "grève d'un parc" où, au terme d'une promenade en tête-à-tête, Chateaubriand écrit sur les "tablettes" de Madame Récamier :"Que mes jours expirent à vos pieds, comme ces vagues dont vous aimez le murmure." (p.172, op. cit.).
Au retour de cette promenade, ils rencontrent (p. 172, op. cit.) la reine de Hollande et son fils, le futur Napoléon III, alors âgé de 24 ans, dont Chateaubriand qui mourra en 1848, ne verra pas l'avènement. Mais c'est comme si la suite de l'Histoire de France, l'Histoire de France d'au-delà de sa propre vie, venait à sa rencontre, là, sur les rives du lac de Constance, et je ne peux m'empêcher de penser que Chateaubriand avait, en son for intérieur, la prescience de qu'allait devenir le jeune "Louis-Napoléon".
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