mardi 30 décembre 2008

Mardi 30 Décembre 2008. 14H56

Ce qui me choque, sous la plume de Chateaubriand, c'est qu'il y a , de la part du Vicomte Chateaubriand, un mépris de caste à l'égard de Rousseau, issu d'une couche sociale inférieure : "Byron arriva riche et fameux à Venise, Rousseau y débarqua pauvre et inconnu ; tout le monde sait le palais qui divulgua les erreurs de l'héritier noble du célèbre commodore anglais ; aucun cicerone ne pourrait vous indiquer la demeure où cacha ses plaisirs le fils plébéien de l'obscur horloger de Genève." ( Mémoires d'Outre-Tombe, IV, p. 422, op. cit.). Le jugement de Chateaubriand est d'une grande injustice en ce qui concerne le style de Rousseau : "A travers le charme du style de l'auteur des Confessions, perce quelque chose de vulgaire, de cynique, de mauvais ton, de mauvais goût ; l'obscénité d'expression particulière à cette époque gâte encore le tableau." (p. 422, op. cit.)
Tout cela est formidablement injuste et trahit l'esprit d'un homme d'une société ancienne , pour lequel le clivage entre les nobles et ceux qui sont issus d'une basse extraction ne peut que perdurer.
Pourtant , c'est Rousseau qui me forma profondément honnête homme , moi qui suis, tout comme lui, issu d'un milieu social modeste, avec des textes extraordinaires, comme celui des Confessions qui s'achève par les lignes suivantes : " Ceux qui liront ceci ne manqueront pas de rire de mes aventures galantes , en remarquant qu'après beaucoup de préliminaires, les plus avancées finissent par baiser la main. O mes lecteurs ! ne vous y trompez pas. J'ai peut-être eu plus de plaisir dans mes amours, en finissant par une main baisée, que vous n'en aurez jamais dans les vôtres, en commençant tout du moins par là." (Confessions, édition Garnier, p. 154 , achevée d'imprimer le 10 Avril 1980).

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