« L'autre jour,
je disais : nous sommes prêts à mourir. Regardez dans notre
ordre. Péguy, mort » ((Barrès, Mes Cahiers
1896-1923, p. 759, Plon, 1993). Il me semble difficile de
pouvoir écrire ces phrases, quand on est bien à l'abri dans son
fauteuil, derrière son encrier. Le sacrifice de millions d'hommes
« prêts à mourir », loin de tout fauteuil, tout
encrier, relativise tout travail d'écrivain.
H./Mar/8/7/14/16H
1 commentaire:
Une citation de Camus, sur la place de l'artiste dans le monde :
Un sage oriental demandait toujours, dans ses prières, que la divinité voulût bien lui épargner de vivre une époque intéressante. Comme nous ne sommes pas sages, la divinité ne nous a pas épargnés et nous vivons une époque intéressante.
Au milieu de ce vacarme, l'écrivain ne peut plus espérer se tenir à l'écart pour poursuivre les réflexions et les images qui lui sont chères. Jusqu'à présent, celui qui n'approuvait pas, il pouvait souvent se taire, ou parler d'autre chose. Aujourd'hui, tout est changé, le silence même prend un sens redoutable. À partir du moment où l'abstention elle-même est considérée comme un choix, puni ou loué comme tel, l'artiste, qu'il le veuille ou non, est embarqué.
Nous sommes en pleine mer. L'artiste, comme les autres, doit ramer à son tour, sans mourir, s'il le peut, c'est-à-dire en continuant de vivre et de créer.
Certes, il y a toujours eu dans le cirque de l'histoire le martyr et le lion. Le premier se soutenait de consolations éternelles, le second de nourriture historique bien saignante. Mais l'artiste jusqu'ici était sur les gradins.
Maintenant, au contraire, l'artiste se trouve dans le cirque. Sa voix, forcement, n'est plus la même ; elle est beaucoup moins assurée.
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