mercredi 12 août 2009

Mercredi 12 Août 2009. 17H45

Evoquant Mme de Warens, que , fort étrangement, il nomme "Maman", Rousseau écrit : "Mon attachement pour elle, quelque vif, quelque tendre qu'il fût, ne m'empêchait pas d'en aimer d'autres ; mais ce n'était pas de la même façon. Toutes devaient également ma tendresse à leurs charmes ; mais elle tenait uniquement à ceux des autres, et ne leur eût pas survécu ; au lieu que maman pouvait devenir vieille et laide sans que je l'aimasse moins tendrement." (Confessions, éditions des Classiques Garnier, 1980, p. 167).
Quelle plus belle façon d'évoquer l'amour pur , celui qui, précisément, fait que l'on aime après que celle que l'on a aimée fut devenue "vieille et laide"?
Quelques lignes plus loin, il précise : "Je ne l'aimais ni par devoir, ni par intérêt, ni par convenance ; je l'aimais parce que j'étais né pour l'aimer. Quand je devenais amoureux de quelque autre, cela faisait distraction, je l'avoue, et je pensais moins souvent à elle ; mais j'y pensais avec le même plaisir, et jamais, amoureux ou non, je ne me suis occupé d'elle sans sentir qu'il ne pouvait y avoir pour moi de vrai bonheur dans la vie tant que j'en serais séparé." (p. 168, op. cit.)
Voilà ce que la belle langue du XVIII° fait de mieux , dans un style étincelant de force et de simplicité : "je l'aimais parce que j'étais né pour l'aimer". Ou encore : "il ne pouvait y avoir pour moi de vrai bonheur dans la vie tant que j'en serais séparé."

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